Cependant, un député, M. Marescaux (gauche démocratique et radicale), déclarait, en 1937, que la loi des quarante heures n'avait pas provoqué la résorption du chômage attendue. En réalité, les coûts de production avaient augmenté. On luttait difficilement contre des concurrents n'ayant pas réduit la durée du travail. Les retards croissants de la fabrication des matériels de guerre inquiétaient. À gauche, cependant, on défendait toujours les quarante heures, et les difficultés rencontrées étaient attribuées aux « vices de l'organisation patronale, etc. ». Cependant, des experts dénonçaient une « décadence de l'économie qui peut être très grave si l'on n'y porte pas promptement remède ».
En 1937, la France produisait 20 à 25 % de moins qu'en 1929, alors que l'Angleterre produisait 25 % de plus, l'Allemagne 10 %, les États-Unis 5 %. Du coup, fin 1938, l'Allemagne disposait de 4 000 avions de combat modernes, la France seulement de 300. Il aurait fallu deux ans aux usines françaises pour obtenir une production similaire à celle de l'Allemagne.
« La situation économique la plus difficile »
La France essaya alors d'acheter des avions aux États-Unis. Lindbergh, le célèbre aviateur qui vivait en Bretagne à l'île d'Illiec, fut consulté. Il déclara : « La France semble encore plus bas que je ne le soupçonnais en ce qui concerne son armée de l'Air. Même s'ils réalisent leur programme des deux prochaines années, les Français n'auront qu'un nombre infime d'avions modernes en service. » Pour M. Lindbergh, la France et l'Angleterre avaient plus urgent encore à faire que de se procurer une arme aérienne digne de ce nom. C'était « la nécessité de changer l'esprit de leurs peuples ».
Les conséquences de tout cela furent dramatiques. Au lendemain de l'abandon de la Tchécoslovaquie, M. Daladier déclara à Guy La Chambre, ministre de l'Air : « Si j'avais eu 3 000 ou 4 000 avions de combat, il n'y aurait pas eu de Munich. »
« La France n'est plus gouvernée, constata alors le vice-président du Parti radical. La France souhaite être dirigée, mais le plus difficile est de trouver l'homme capable de le faire. » L'histoire s'en chargera en la personne du général de Gaulle, mais à travers les drames que l'on sait.
Nous ne sommes, heureusement, pas face aux mêmes dangers qu'à l'époque, la guerre ne menace pas. Mais, comme l'a rappelé le Premier ministre, la situation économique est « la plus difficile qui soit ». Les récentes décisions prises après le rapport Gallois vont dans la bonne direction, encore faut-il les appliquer en temps voulu. C'est-à-dire très vite.
(1) Toutes ces évocations et citations proviennent du livre Le désastre de 1940, par Claude Paillat, éditions Robert Laffont.
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