mercredi 21 novembre 2012
A comme avertissement…
A comme avertissement…
Un homme averti en vaut deux ! Le dicton s’applique aussi aux
gouvernements. Jean-Marc Ayrault se doit de prendre très au sérieux la
décision de Moody’s de retirer à la France le label AAA, le meilleur
possible, même si le nouveau seuil, AA +, reste proche de l’excellence.
La
rétrogradation n’a pas surpris les marchés, qui en ont pris acte, il y a
dix mois déjà, lorsque Standard and Poor’s a mis fin, pour notre pays,
au fameux trois A. Dans les faits, l’impact sur le coût de l’argent sera
faible pour l’État français. On peut donc juger négligeable la décision
rendue publique avant-hier soir. On peut se moquer aussi des fameuses
agences internationales, dont la fascination pour la première lettre de
l’alphabet rappelle, en moins savoureux, l’Association amicale des
amateurs d’andouillette authentique (AAAAA) et son certificat de qualité
charcutière. On peut même souhaiter la disparation des Standard,
Moody’s et autres Fitch Ratings, comme on brise le baromètre parce qu’il
annonce le mauvais temps.
Minimiser, ironiser, nier, serait
néanmoins triple erreur. C’est un coup de semonce qui survient huit
jours après la conférence de presse du chef de l’État. Il a tenu un
discours très pro-entreprise, prenant soin de ne pas heurter le
patronat, et promettant des mesures fortes pour rétablir la
compétitivité française. Un véritable changement de tonalité pour un
dirigeant issu des rangs PS. Social-démocrate désormais décomplexé,
François Hollande est surtout un président inquiet, qui n’ignore rien
des capacités ravageuses des marchés.
Une bourrasque financière
était prédite à la gauche dès son retour au pouvoir. Cette attaque n’a
pas eu lieu. C’est à mettre au crédit de l’actuelle majorité, mais ce
calme relatif s’explique aussi par les difficultés, bien plus grandes,
d’autres pays européens, Grèce et Espagne surtout.
Le malheur des
uns a fait notre bonheur, puisque la spéculation avait des cibles plus
aguichantes. Mais il suffirait que notre pays tarde à engager les
réformes promises, pour le placer dans le viseur des marchés financiers
et entraîner une nouvelle baisse de la note. En cas d’inertie, le
rendez-vous serait pour bientôt. En langage numérique familier, cela
s’écrit… A+.
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