François Hollande respecte les élus locaux et se garde de les désigner comme des fauteurs de déficits. Cette tonalité, assez nouvelle dans l'enceinte du congrès des maires, aide à concilier l'inconciliable. Surtout quand on y ajoute la promesse d'un statut de l'élu et le respect de la liberté de conscience du maire, s'agissant de la célébration du mariage pour tous. D'un côté, les collectivités locales devront bien réaliser 2,25 milliards d'économies en trois ans, sans doute davantage. Mais François Hollande donne des gages pour que l'effort n'apparaisse pas comme une injonction brutale.
L'État corrigera les effets pervers de la taxe professionnelle réformée par Nicolas Sarkozy. Il réduira les délais d'instruction. Il combattra les normes et les doublons administratifs qui compliquent et renchérissent les projets. Il fera évoluer la solidarité financière au profit des collectivités les plus pauvres.
Il promet, par exemple, d'aider les communes les plus fragiles à s'adapter aux nouveaux rythmes scolaires, qui coûtent en transports, en personnel municipal. Il encourage la création d'une agence de financement qui permettra de se regrouper pour mieux négocier des marchés. Il annonce la mobilisation de 20 milliards pour financer, via la future banque des collectivités, les projets à très long terme.
Un effort collectif mais négocié
Le souci est toujours le même : maîtriser la dépense publique en nuisant le moins possible à l'investissement, si utile à la croissance, sans négliger la dépense sociale, amortisseur de la crise. La méthode aussi : un effort collectif, important, mais négocié, étalé et fondé sur la justice.
Réaliste sur le fond et douce sur la forme, cette méthode sera-t-elle suffisante ? Sous l'oeil impitoyable d'agences de notation qui ne croient pas aux perspectives de croissance retenues par le gouvernement, il semble que non. Sans l'exagérer, le risque subsiste que certains emprunts coûtent demain plus cher.
Face à des collectivités aux abois, est-ce assez ? La récente grève de la faim du maire de Sevran est venue rappeler que l'une des plus grandes injustices, en France, concerne l'inégalité des richesses fiscales. Moins une commune a de recettes et plus elle a de besoins, notamment sociaux. Les vases communicants de la solidarité ¯ la fameuse péréquation ¯ corrigent insuffisamment ces disparités.
Face à des élus confrontés aux revendications locales, est-ce tenable ? Loin du choc des discours entre l'UMP et le PS, on entend, chez les élus locaux de tous bords, un refus largement partagé de passer de la rigueur à l'austérité. Ou le regret de découvrir que la hausse de la TVA, destinée à renflouer les caisses de l'État, accroît la dépense des communes !
Les maires sont des palpeurs de l'opinion. Ils se souviennent aussi de tant d'incantations présidentielles sans effets. À dix-huit mois des municipales, François Hollande joue fin... et gros.
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