Maintes fois anticipée, crainte ou tout simplement imaginée, la
sortie de la Grèce de la zone euro aurait des conséquences sur
l'ensemble de l'économie mondiale. Ici, rien de nouveau, mais est-il
seulement possible de chiffrer un tel événement ?
Selon une étude économique menée par Prognos AG,
ce scénario catastrophe incluant une faillite de l'État, une
dépréciation massive de la nouvelle monnaie grecque, la propagation du
chômage et une chute de la demande, les pertes mondiales cumulées
s'élèveraient à 674 milliards d'euros, sur une période allant jusqu'à
2020. Et ce montant astronomique n'est valable qu'en cas de sortie seule
de la Grèce.
Étant donné qu'il n'est pas exclu que le retrait d'Athènes de la zone
euro ait des répercussions graves sur d'autres pays du sud de l'Europe
touchés eux aussi par la crise, d'autres scénarios ont été imaginés pour
les calculs. En partant du principe, par exemple, que le Portugal se
retire lui aussi de la zone euro, cela signifierait pour la France une
perte cumulée de 331 milliards d'euros d'ici 2020... Ce "trou" financier
pourrait s'étendre à 1225 milliards en cas d'une chute consécutive de
l'Espagne...
Selon l'étude, le retrait de la seule Grèce resterait supportable sur le plan économique global, mais les PIB français, portugais et bulgare subiraient une chute de 8% chacun. L'Allemagne s'en tirerait sans trop de dégâts (environ 3%). La Grèce, quant à elle, accuserait des pertes de croissance cumulées s'élevant à 164 milliards d'euros, soit 14.300 euros par habitant d'ici à 2020.
Situation mondiale très compliquée dès la chute du Portugal
Le rapport prévoit que par ricochet d'autres pays d'Europe du sud, comme le Portugal, devraient aussi probablement renoncer à l'euro, avec pour conséquences mondiales une perte de croissance cumulée de 2,4 billions d'euros. Les États-Unis seraient aussi sérieusement touchés à hauteur de 365 milliards d'euros et la Chine de 275 milliards. En Allemagne, un tel scénario engendreraient des pertes annuelles de revenu de 2790 d'euros par habitant pendant huit ans.
Le scénario devient encore plus catastrophique lorsque l'on imagine un retrait de l'Espagne, et la situation finirait même par devenir incontrôlable si la crise de l'euro venait à provoquer le départ de l'Italie de la zone euro. Ce scénario déboucherait finalement lui aussi sur une récession internationale dramatique, et donc sur une crise économique d'envergure mondiale.
Selon la fondation allemande Bertelsmann, qui a commandé l'enquête, "en plus des conséquences purement économiques, il faudra compter sur de graves tensions sociales et instabilités politiques, particulièrement dans les pays quittant l'euro, mais également dans d'autres puissances économiques." Dans le cas de la mise en faillite de l'État grec et de son retrait de la zone euro, l'hypothèse "constitue une réelle menace de mettre le feu à la poudrière", précise Aart De Geus, à la tête de la fondation. "C'est pourquoi la communauté internationale -hors de l'Europe également - doit éviter l'un comme l'autre."
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