vendredi 19 octobre 2012
Il voulait « détruire l’Amérique »
Il voulait « détruire l’Amérique »
Un attentat a été déjoué avec brio à New York grâce à une opération d’infiltration du FBI.
Un homme originaire du Bangladesh se disant lié à Al-Qaïda a été arrêté
mercredi après avoir tenté de faire exploser une bombe de 450 kg devant
un bâtiment de la réserve fédérale à New York.
Agé de 21 ans, Quazi Mohammad Rezwanul Ahsan Nafis était suivi depuis des mois par le FBI,
qui avait rendu sa bombe inopérante. Le bâtiment qu’il visait se trouve
à proximité du site du World Trade Center, cible des attentats du
11 Septembre. Lorsqu’il a déposé sa voiture chargée d’une bombe devant
la réserve fédérale, il était fait comme un rat.
Un agent d’État sous couverture
Mohamad est arrivé aux Etats-Unis en janvier 2012, dans le but de
commettre un attentat. Evoquant des liens à l’étranger avec Al-Qaïda, il
a tenté de créer une cellule terroriste aux Etats-Unis et cherché des
contacts avec des islamistes à l’intérieur du pays. Il s’est alors fait
berner par un agent fédéral.
L’une des « recrues » islamistes de Mohamad Nafis était une source du FBI,
ce qui a permis aux autorités de se mettre tout de suite sur le coup,
de surveiller – et même d’aider – le jeune terroriste durant les mois où
il s’est préparé, de façon à mieux le piéger.
Dans une déclaration écrite, Nafis avait prévu de revendiquer son
acte au nom d’Al-Qaïda, en précisant qu’il voulait « détruire
l’Amérique », et que la façon la plus efficace pour le faire était de
« cibler l’économie américaine ».
Il avait envisagé plusieurs cibles, parmi lesquelles la bourse de
Wall Street et un haut responsable du gouvernement, affirme le
Département de la justice.
Sa déclaration inclut des citations de « notre bien aimé Cheikh Oussama Ben Laden ».
Son complot avait fait long feu dès le début. Celui qu’il
considérait comme un « facilitateur » d’Al-Qaïda, était en réalité un
autre agent infiltré du FBI. Ce dernier lui a
procuré à sa demande 20 sacs de 22,5 kg d’explosifs. Le jeune bangladais
a acheté le détonateur, puis repéré à plusieurs reprises les lieux.
Tôt mercredi, il a de nouveau rencontré l’agent infiltré du FBI,
est allé avec lui dans un entrepôt pour assembler ce qu’il pensait être
une bombe opérationnelle – mais les explosifs étaient de fait
inopérants – et les deux hommes sont ensuite partis en direction du
bâtiment de la réserve fédérale, près duquel ils ont garé leur
camionnette.
La victoire ou le martyre
Nafis a alors pris le temps d’enregistrer une petite vidéo dans un
hôtel voisin, affirmant : « Nous ne nous arrêterons pas jusqu’à la
victoire ou le martyre. » Et il a ensuite tenté à plusieurs reprises, en
vain, de faire exploser sa bombe avec un téléphone portable. Une fois,
deux fois, trois fois. Jusqu’à ce que la police le serre et le coffre.
Mohamad Nafis est accusé de tentative d’utilisation d’une arme de
destruction massive et de tentative de fournir un soutien matériel à
Al-Qaïda. Il risque la prison à vie.
Mercredi, le chef de la police Ray Kelly a souligné que de nombreux
complots terroristes avaient été déjoués à New York depuis les attentats
du 11 Septembre, « la réserve fédérale devant maintenant être ajoutée à
la liste des cibles emblématiques qui comptait déjà notamment le pont
de Brooklyn et la Bourse de New York ».
« Après 11 ans sans attentat réussi, on peut comprendre que la
population devienne moins vigilante. Mais c’est un luxe que les forces
de l’ordre ne peuvent pas se permettre », a-t-il déclaré, rappelant que
plus de 1 000 policiers étaient affectés au quotidien à la lutte
antiterroriste à New York.
Du côté de nos délicats observateurs français, on fait la fine bouche et les yeux révulsés sur les méthodes du FBI.
Comment ? Pousser ce brave Bangladais au crime alors que, s’il n’avait
pas eu d’explosifs, il ne serait peut-être jamais passé à l’acte ? C’est
moralement contestable, etc.
Bien sûr. Si Mohamad n’avait pas croisé le FBI, il se serait probablement consacré à l’étude des poèmes de Rabindranath Tagore.
C’est le principe même de l’infiltration, celle des trafics de
drogue notamment. Et on aurait aimé que nos services secrets à la
française surveillent et piègent notre Mohamed à nous de la même façon
avant qu’il n’assassine sept personnes dont trois soldats français et
trois enfants et n’en blessent six autres. La « méthode », jugée
parfaitement légitime aux Etats-Unis, a permis de déjouer une centaine
de complots dans le pays depuis 2001.
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