mardi 16 octobre 2012
"Quasi panique des patrons" : la compétitivité de nos entreprises passe-t-elle uniquement par la baisse des charges ?
Marc Ivaldi
: Le déficit de compétitivité vis-à-vis de l'Allemagne à plusieurs
sources. Lorsqu'un consommateur se décide à acheter une voiture par
exemple, il choisit le meilleur rapport prix-qualité. La qualité renvoie
à tout ce qui fait la spécificité d'un produit. Ainsi, pour deux
voitures de même qualité, il choisira celle qui présente le prix le
moins élevés. La compétitivité prix renvoie alors à cette question : le
prix le plus faible pour une qualité donnée. Inversement, pour deux
voitures de même prix, le consommateur sélectionnera celle qui lui
apporte la meilleure qualité. La compétitivité hors-prix se fixe alors
sur ce second arbitrage : fournir la qualité la plus élevée pour un prix
donné.
Pour vendre de meilleurs produits, une
entreprise a besoin de meilleurs ingénieurs, mieux formés. Le coût du
développement et de la qualité d'un produit est donc une longue chaîne
de décision et il s'agit de processus sur lesquels il est possible
d'agir principalement sur le long terme. Les coûts de production sont en
revanche plus faciles à modifier sur le court terme alors que les coûts
liés au développement requièrent davantage de temps.
Laurence
Parisot estime très probablement qu'il y a un différentiel de
productivité entre la France et d'autres pays et que, pour le rattraper,
la baisse des coûts salariaux est le levier d'action le plus rapide et
efficace à court terme car les taxes auxquelles sont sujettes les
entreprises se répercutent directement sur les prix payés par les
consommateurs.
La compétitivité hors-coût est
également importante : innovation, formation... Mais si l'on mise tout
sur cette dernière, cela risque de prendre du temps avant de produire
ses effets. Il faut un choc de compétitivité car la Banque publique
d'investissement voulue par le gouvernement, qui sera créée dans un an
et qui ne commencera pas à financer avant cette dare, sera insuffisante.
La compétitivité hors-coût peut passer
par une meilleure formation des ingénieurs ou encore des processus de
production plus efficients. Pour cela, il faut améliorer
l'apprentissage, mieux former et créer les conditions de l'innovation ce
qui se traduit par des centres de recherches plus efficaces et plus en
concurrence ou des universités mieux gérées. Cet éco-système favorisera
l'innovation de produits et de production. Mais ces mesures prennent du
temps.
Mais cela nécessite des réformes profondes
et structurelles qui, contrairement à une baisse des charges sociales,
prennent du temps avant de produire leurs effets.
La France
accuse du retard. En termes d'innovations, beaucoup de mesures ont déjà
été adoptées comme les investissements d'avenir ou le crédit impôt
recherche. Mais beaucoup de choses restent à faire.
La France et l'Europe sont toutes deux en retard par rapport aux Etats-Unis et au Japon.
Les Allemands sont
très axés sur la qualité des produits. Leur compétitivité provient
également d'une très bonne organisation ou d'un bon suivi des
produits... Mais l'exemple allemand montre bien que cette qualité
hors-coût nécessite du temps pour être atteinte.
Dans
ce contexte, Louis Gallois doit rendre son rapport sur
la compétitivité Il est très probable qu'avec la crise actuelle, il
appelle à prendre des mesures favorisant une baisse du coût du travail
pour les entreprises en plus des mesures de compétitivité hors-coût.
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