mardi 16 octobre 2012
Ces hauts responsables qui craignent une guerre si l'euro sombrait
Pointant le risque d'un conflit armé, le ministre anglais du
Commerce Vincent Cable, a évoqué ce week-end des conséquences
"absolument incalculables" pour le Vieux continent en cas de faillite de
la monnaie unique. Des propos qui se situent dans le sillage de ceux de
Christine Lagarde, qui a jugé la semaine dernière que la dette des pays
riches avoisinait les niveaux atteints "en temps de guerre".
Il tire la sonnette d'alarme. Alors que la semaine dernière,
tous les dirigeants européens se sont félicités de l'attribution du
Nobel de la paix à l'UE, Vincent Cable, lui, nage à contre-courant. Dans
un discours au Cheltenham Literature Festival
ce dimanche, le ministre britannique du commerce a jugé que les
conséquences d'une faillite de l'euro seraient
"absolument incalculables" pour le Vieux continent. A l'en croire, il
n'y aurait aucune "garantie automatique" qu'un tel événement ne dégénère
pas en conflit armé.
Le ministre n'y est pas allé de main morte. Il a
renchéri : "nous avons tendance à l'oublier, mais le projet européen a
été bâti pour sauver l'Europe du nationalisme extrémiste et des
conflits" a-t-il rappelé, arguant que c'était un des principaux
enseignements à tirer de l'attribution du Nobel de la paix à l'UE.
"L'UE n'est pas la même chose que la zone euro"
Ce n'est certes pas la première fois qu'un haut
responsable tient des propos alarmistes concernant l'éventualité d'une
chute de l'euro. Mais alors que les négociations pataugent toujours
concernant la résolution de la crise grecque, ce type d'intervention
apparaît de plus en plus fréquente. Lundi, Joseph Stiglitz, a tenu des
propos en ce sens. Dans les colonnes du quotidien allemand Handelsblatt,
le Nobel d'économie 2001 a estimé que "l'euro et la politique de
sauvetage de l'euro" n'étaient "pas bon pour la paix". Sur ce point,
l'économiste affirme que "la division entre Etats mais aussi à
l'intérieur des Etats" fait notamment le miel "des courants extrémistes
et nationalistes". Et s'il salue le fait que l'Union européenne a
décroché le Nobel, il rappelle que "l'UE n'est pas la même chose que la
zone euro".
Enfin, mercredi dernier, c'est Christine Lagarde,
au nom du FMI qu'elle dirige, qui a fait part des mêmes préoccupations.
Mais de manière indirecte : "le plus grand obstacle [à la croissance]
sera sans doute l'immense héritage légué par la dette publique qui
atteint maintenant en moyenne 110% du PIB dans les pays développés,
quasiment un niveau de temps de guerre", a-t-elle déclaré à Tokyo lors de l'Assemblée FMI-Banque mondiale.
"Une guerre! Mesdames, messieurs"
Le climat actuel et ces interventions rappellent ce pavé dans la mare, jeté il y a presque un an par le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski,
dont le pays assurait alors la présidente tournante de l'UE. Devant le
Parlement européen de Strasbourg, il avait alors jugé que l'Europe était
"en danger". "Si la zone euro se fissure, l'Union
européenne ne sera pas capable de survivre, avec toutes les conséquences
que l'on peut imaginer", a-t-il déclaré. Devant les députés, il a alors
raconté s'être entretenu avec un ami banquier, qui lui a fait part de
sa peur d'une "guerre au cours des dix prochaines années". Puis de
s'exclamer : "Une guerre! Mesdames, messieurs, ce sont les termes qu'il a employés."
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