TOUT EST DIT

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dimanche 5 août 2012

Mimétisme : pour que vos enfants se tiennent bien à table, commencez par faire de même !

La tenue d'un enfant à table pose souvent problème. Laurence Haurat donne quelques conseils pour être plus autoritaire et pour améliorer le comportement de l’enfant. Extraits de "C'est l'enfer table" (1/2).

Cadrer son enfant

Avant tout, il faut savoir si votre enfant a faim. S’il a grignoté moins d’une heure avant de dîner, il n’y a rien d’étonnant au fait qu’il ne soit pas pressé de venir à table et encore moins content d’y rester. Il est primordial de faire en sorte que votre enfant ait faim au moment des repas. Donc supprimez tout grignotage avant les repas. Globalement, l’enfant a goût au jeu et n’est pas forcément très intéressé par la nourriture. Il ne se force pas à faire plus que ce dont il a envie. Pour lui, dont la vie est pleine de jeux, de dodos, de câlins, rester assis à table est vécu comme une contrainte. C’est un moment qu’il expédie souvent rapidement parce qu’il est attiré par tout le reste.
Par exemple, si le « à table ! » de sa mère vient interrompre un moment imaginaire ou un jeu, l’enfant le perçoit comme une intrusion dans son univers. Mieux vaut introduire en douceur le moment des repas. Vous pouvez commencer par le prévenir que « dans cinq minutes, on passe à table » pour l’aider à quitter son jeu et éviter la négociation. Vous pouvez aussi lui demander de vous aider à mettre la table ou lui proposer de mettre la salade dans le saladier avant de s’asseoir. Ainsi, l’acte d’autorité ne se manifeste pas contre l’enfant, mais dans un climat d’harmonie.

La table, lieu d’apprentissage

La table est l’occasion d’appliquer de nombreuses règles : « Mets tes mains sur la table, tiens-toi bien, ferme la bouche quand tu mâches, ne parle pas la bouche pleine, dis merci », toutes sortes de consignes qui ne plaisent pas forcément à l’enfant. Au-delà de l’apprentissage de nouvelles règles, l’enfant apprenant par mimétisme, il n’est pas rare qu’il copie un geste ou une attitude parentale. Par exemple, un enfant qui mâche la bouche ouverte est certainement un enfant auquel on n’a pas dit de fermer la bouche ou qui a vu ses parents mâcher la bouche ouverte.
De même, un enfant qui tient son couteau en l’air est un enfant à qui on n’a pas expliqué qu’il fallait poser son couteau lorsqu’on ne l’utilise pas. Guider un enfant pour qu’il se tienne bien à table va lui permettre de s’adapter à toutes les situations : chez ses camarades lorsqu’il sera invité à goûter, chez les parents de sa petite copine quand il sera ado, et dans son milieu professionnel lorsqu’il sera adulte. En effet, on a tendance à penser qu’un enfant qui ne sait pas se tenir à table est un enfant mal élevé, au même titre qu’un enfant qui ne dit pas bonjour ou merci. Ces leçons de bonnes manières doivent être données dès l’enfance, car il n’y a rien de plus dévalorisant, déplaisant et frustrant de participer à un repas professionnel et ne pas savoir comment se tenir.

Apprendre à poser son autorité

Une mère qui n’arrive pas à poser son autorité est une mère qui a peur de ne plus être aimable pour son enfant. En réalité, c’est une réminiscence de ce qu’elle a vécu dans son enfance : un conflit d’autorité entre ses deux parents, comme des parents trop autoritaires qui l’auraient fait souffrir. Dans ce cas, se produit un effet balancier extrême : par peur de reproduire le même schéma éducatif, elle entre dans un schéma opposé. Cela peut aussi être dû à une éducation trop laxiste. Dans ce cas, la mère ne sait pas agir autrement qu’en reproduisant le modèle parental.
En effet, on s’inspire beaucoup de l’éducation donnée par nos parents pour éduquer un enfant. Il est encore plus difficile d’élever un enfant quand, soi-même, on a l’impression d’avoir reçu une éducation inappropriée. Parfois, le manque d’autorité résulte d’un désaccord sur l’éducation à donner entre les deux parents. Ainsi, une mère ne voit pas l’intérêt d’imposer une règle à son enfant alors que le père ne la tient pas, et inversement. Un tel dialogue est fréquent : une mère dit : « À 6 ans, il est capable de manger ses épinards tout seul », et le père réplique : « Non, mais ça va, si lui donner la cuillère le fait manger ses épinards, je le fais. » Résultat : le père apparaît comme le sauveur tandis que la mère se retrouve en porte-à-faux et dans le jugement. Malgré ce désaccord, la mère doit toujours montrer à l’enfant qu’elle assume sa position : « Papa te donne la cuillère malgré tout mais sache que ce n’est pas normal qu’il t’aide à manger alors que tu as 6 ans ».
Mieux vaut prendre le parti de ne pas entrer en conflit devant l’enfant. Bien sûr, il est impossible d’être tout le temps d’accord sur l’éducation de l’enfant, mais il ne faut pas le lui montrer. Les parents doivent installer ce postulat : « À partir d’aujourd’hui, je respecte ce que l’autre parent dit, je le laisse faire, et si cela ne me convient pas, on en discute ensemble en dehors des oreilles de mon enfant. » Pour que cela fonctionne, il faut admettre au préalable que l’autre n’est pas soi et va forcément mettre en place des fonctionnements que l’on désapprouve. La clé de l’autorité est le dialogue. Sauf si l’enfant est témoin des disputes, entre ses parents par exemple, la difficulté de rester à table est souvent liée à un manque d’autorité. L’autorité se construit dans le temps et se traduit par des actes et des paroles calmes et efficaces. Aussi, si votre enfant n’obéit pas, il faut lui adresser un message clair, parler distinctement et calmement dans une tonalité grave. « Je t’ai dit de t’asseoir sur ta chaise. Ta chaise, elle est là. » Inutile de crier. D’une part, vous ne lui montrez pas comment bien se tenir à table, d’autre part, vous lui donnez la possibilité de s’énerver et d’être moins à l’écoute.
Si malgré tout, votre enfant n’obéit toujours pas, il est également conseillé de le contenir physiquement. Vous pouvez le porter, l’asseoir et le maintenir assis pendant quelques secondes en captant son regard. Mettez-vous à sa hauteur tout en gardant votre calme. L’objectif est de lui faire comprendre que la table n’est pas un terrain de jeu, que ce qui s’y passe est important et qu’il doit obéir.

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