La mission de Kofi Annan était impossible. Sans surprise, l’ancien
secrétaire général de l’Onu a reconnu son échec. Pour une fois, ce
diplomate chevronné, unanimement décrit comme quelqu’un de pondéré, a
laissé pointer son amertume. Évoquant le « manque de soutien » et « les
divisions de la communauté internationale » qui ont provoqué son échec,
Kofi Annan a mis en évidence la responsabilité des grandes puissances
dans la tragédie syrienne.
Moscou et Washington ont choisi leur
camp, qui n’est pas forcément celui du peuple syrien. Barack Obama
engage de plus en plus son pays dans la fourniture d’armes aux rebelles,
alors que Vladimir Poutine aide Assad à s’accrocher au pouvoir.
Plus
que jamais, la Syrie est un pion sur l’échiquier compliqué du
Proche-Orient. Kofi Annan risquait de renverser les pièces savamment
manipulées par les puissances qui jouent à la guerre froide. La Syrie
est devenue un de ces conflits périphériques qui renvoient au temps de
Brejnev et de Nixon.
Et, comme au pire moment des relations
URSS-USA, l’Onu se contente de jouer le rôle de dernier salon où l’on
cause de la guerre ou de la paix. Les résolutions se suivent, se
ressemblent, et sont superbement ignorées par les belligérants.
Cela,
évidemment, est plus ou moins habilement camouflé dans les ors des
conférences régionales, ou sous les lambris du bâtiment des Nations
unies. Sans rire, Vladimir Poutine déclare que la démission de Kofi
Annan est « très regrettable ». Assad la regrette aussi. Si l’hypocrisie
était une épreuve olympique, les deux hommes mériteraient une médaille,
comme la prudente Chine, et les Américains ne termineraient pas loin du
podium, sous les encouragements des pays arabes qui veulent contrôler
ce nouvel épisode d’un printemps aux bourgeons explosifs et aux fleurs
si fragiles.
Le président américain engage de plus en plus la CIA
dans ce conflit, en toute discrétion, histoire de ne pas gêner le
candidat Obama.
Et les Syriens ? Ils souffrent, meurent et s’enfuient, car ils ne peuvent pas démissionner.
dimanche 5 août 2012
La pièce syrienne
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