mercredi 8 août 2012
Fractures territoriales
Le gouvernement s'est doté d'un ministère de l'Égalité des
territoires et du Logement. Il est chargé de réduire les inégalités
entre certaines zones du pays, diversement équipées en services de
toutes sortes : formation, santé, culture, accès aux réseaux
numériques... En réduisant ces « fractures territoriales », qui se sont
creusées au fil du temps, on espère contribuer à la réduction des
« fractures sociales ». Ce qui soulève plusieurs questions.
Tout d'abord, les territoires peuvent-ils être « égaux » ?
Évidemment, ils ne le seront jamais totalement. Chacun possède son
histoire, ses particularités géographiques, ses atouts... Mieux vaut
parler de différences. L'espace national est riche de diversités qui
sont aussi des potentialités.
En revanche, cette fameuse « égalité » signifie surtout que les
citoyens, où qu'ils vivent, devraient bénéficier des mêmes droits
fondamentaux (en matière d'éducation, de transport, de logement...) et
accéder aux mêmes chances de réussite, de façon à réduire les risques
d'exclusion, de pauvreté, de chômage. Y compris dans les quartiers
déshérités et les campagnes en péril. Sans verser, toutefois dans un
égalitarisme mythique : les TGV ne s'arrêteront pas dans toutes les
gares rurales (s'il en reste !) et on ne trouvera pas un hôpital au
coeur de chaque canton.
Deuxième question : la situation des territoires explique-t-elle les
inégalités sociales ? Oui, mais pas complètement... D'autres facteurs
interviennent : la situation professionnelle, le sexe... De surcroît, de
puissantes politiques de péréquation et de redistribution des revenus
viennent très nettement atténuer ces fractures sociales. À telle
enseigne que les habitants de certains territoires de l'Ouest, au PIB
(produit intérieur brut) par habitant pourtant très faible, affichent
malgré tout des revenus satisfaisants grâce aux transferts sociaux
(retraites, prestations diverses...) dont ils bénéficient et qui, dans
certaines zones, représentent jusqu'à 60 ou 70 % des revenus distribués.
Des choix à faire
Troisième observation : si la lutte contre les inégalités
territoriales s'impose, si des discriminations positives en faveur des
territoires les plus déshérités sont même nécessaires, cette démarche a
ses limites. On n'aménage pas le territoire comme on étale du beurre sur
du pain, de façon lisse et homogène : tout ne peut pas se faire
partout...
Dans une période de difficultés financières, où l'accès aux services a
un coût, des choix doivent être faits. En même temps qu'on veille à une
bonne répartition des moyens sur tout le territoire national, il ne
faudrait pas négliger le nécessaire renforcement de la compétitivité de
certains pôles (centres de recherche, métropoles, pôles de
compétitivité...). Par leur dynamisme et la présence de certains atouts
spécifiques, ces pôles entraînent bon nombre de territoires derrière eux
et permettent ainsi de dégager d'importantes ressources susceptibles
d'être redistribuées.
Paradoxalement, une trop forte lutte contre les inégalités
territoriales, si elle se faisait au détriment de certaines de ces zones
porteuses, pourrait alors, faute de moyens, entraîner un accroissement
des inégalités sociales.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire