mardi 31 juillet 2012
Médaille de l’impuissance
La trêve olympique permettait aux Grecs anciens de souffler entre
deux affrontements. Les Inventeurs des Jeux Olympiques n’avaient pas de
grandes ambitions. Sachant fort bien que guerres et querelles font,
hélas, partie de notre patrimoine commun, ils avaient décrété une pause
entre deux périodes de conflit, histoire de s’offrir un répit.
Le
baron de Coubertin, inventeur des Jeux modernes, se faisait sûrement
moins d’illusions. Il s’est borné à faire renaître les Jeux Olympiques.
En revanche, il était hors de question d’espérer arrêter les effusions
de sang. Depuis la Grèce antique, le monde avait tellement « progressé »
dans l’art de trucider son voisin qu’il était, déjà, impensable
d’instaurer quelques jours de paix planétaire.
Les 30 es
Jeux Olympiques de Londres ne pouvaient rompre avec la tradition
contemporaine d’un monde quelque peu schizophrène. On fait la fête à
Londres pendant qu’on s’étripe de la Syrie à la Corne de l’Afrique. De
Berlin en 36 au boycott des Jeux de Moscou en 80, sans oublier la tuerie
de Munich en 1972, les Jeux ont souvent servi de caisse de résonance
aux grands problèmes de la planète.
Cette année, la Syrie vient
jeter une ombre sur les Jeux. Il est difficile de profiter pleinement de
cette grande fête mondiale alors que la ville d’Alep vibre sous les
bombes et que 200 000 Syriens ont pris le chemin de l’exil pour échapper
à la mort.
Pourtant, comme si de rien n’était, la Syrie a envoyé
une petite délégation à Londres. Il paraît quelque peu illusoire de
penser que le président Assad ait eu la simple idée de faire rêver ses
compatriotes devant les exploits de trois athlètes. D’autant que la
présence d’un boxeur et d’un tireur apporte une touche d’humour grinçant
au milieu de tant de violence.
Entre anecdote et provocation, ce
petit groupe n’a qu’une utilité : rappeler que la Syrie existe encore et
que ses habitants devraient, eux aussi, avoir le droit de vivre à
l’heure olympique devant leur télé. Ils en sont malheureusement bien
loin. La communauté internationale n’a ni su, ni pu, imposer la moindre
trêve aux combattants depuis seize mois. En cela, elle mérite la
médaille de l’impuissance.
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