mercredi 4 avril 2012
Pourquoi Sarkozy ne décolle pas au second tour
En tête dans les intentions de vote au
premier tour, Nicolas Sarkozy ne parvient pas à inverser la tendance au
second. Explications.
Les sondages d'intentions de vote au second tour s'accumulent et rien ne bouge. Dans l'étude quotidienne réalisée par l'Ifop pour Paris Match,
François Hollande domine toujours largement Nicolas Sarkozy 54% contre
46%. Des scores qui n'évoluent plus depuis le 27 mars. Dans un sondage
Harris interactive pour VSD et LCP publié mardi, les deux hommes sont évalués respectivement à 53% et 47%. L'enquête Ipsos pour France Télévisions, Radio France et Le Monde, publiée mardi également, donne 55% pour le socialiste et 45% pour le président sortant, un écart en hausse de deux points.
Pourtant, dans chaque sondage, c'est bien Nicolas Sarkozy qui est en tête des intentions de vote au premier tour, sauf dans une étude BVA pour le Parisien,
où François Hollande conserve son avantage (28% contre 27%). Dans cette
enquête, le champion du PS est même crédité de son plus haut score au
second tour, avec 56%.
Une
accumulation de chiffres qui sonne comme un échec dans la stratégie de
reconquête de l'opinion de Nicolas Sarkozy. Avant le "croisement des
courbes" d'intentions de vote au premier tour, ses partisans assuraient
qu'une fois la pole position acquise, une inversion de tendance se
ferait sentir au second. Mais le candidat-président se veut confiant en
expliquant, selon le Parisien
de mardi, que "le second tour sera une tout autre histoire". Frédéric
Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, confirme un peu, auprès du JDD.fr,
les espoirs du candidat : "Les sondages de second tour sont à prendre
avec des pincettes, car il manque une donnée fondamentale, les résultats
du premier."
Et, ajoute-t-il, cette campagne
reste "assez spéciale" : "Les sondages de second tour sont actuellement
le reflet de l'antisarkozysme en France, un peu comme si un référendum
pour ou contre le président sortant se jouait. Si Nicolas Sarkozy réduit
l'écart dans les intentions de vote au second tour avant le 22 avril et
que le référendum se transforme en match de la crédibilité, alors cela
pourrait changer les choses. Mais on n'a jamais vu un président sortant
aussi malmené…"
Pour
se refaire, Nicolas Sarkozy mise d'abord sur la poursuite de la hausse
de sa cote au premier tour : s'il atteint son score de 2007 (31,17%), il
espère enclencher une dynamique victorieuse. Et puis il estime que la
campagne d'entre-deux-tours lui sera favorable. Notamment le
traditionnel débat télévisé, lors duquel il compte "exploser" son adversaire. Une certitude qui lui donne envie d'obtenir l'organisation de deux duels, au lieu d'un seul.
Mais
l'arithmétique est têtue et la tendance sur le second tour se
pérennise. D'abord parce que la gauche, dans son ensemble, ne cesse de
prendre du poids dans les sondages. Il y a deux mois, le 2 février,
l'enquête quotidienne de l'Ifop estimait à 41,5% les voix de la gauche.
Lundi 2 avril, le score était de 43,5%, deux points de plus acquis
depuis la percée de Jean-Luc Mélenchon. Et sept points de plus que les résultats officiels du premier tour de 2007.
Et
à droite? La droite parlementaire ne présente dans cette élection que
Nicolas Sarkozy et… Nicolas Dupont-Aignan, crédité de 1% d'intentions de
vote. Les autres personnes susceptibles de voter pour le candidat UMP
sont à chercher au Front national ou au MoDem. Mais le score de Marine
Le Pen s'érode. Et ses électeurs ne sont pas tous prêts à voter pour
Nicolas Sarkozy. Selon l'Ifop, quelque 80% des électeurs se disant
proches du Front National choisissent de soutenir le candidat-sortant.
"Il y a au FN une part résiduelle d'électeurs (20% environ) qui ne
veulent absolument pas de Nicolas Sarkozy et qui disent voter François
Hollande", note Frédéric Dabi.
Au MoDem, 46% de
ceux qui se disent proche de ce parti ont l'intention de voter pour le
candidat socialiste et seulement 54% pour Nicolas Sarkozy. "C'était
nettement plus en 2007", ajoute le directeur général adjoint de l'Ifop. A
gauche, le candidat socialiste fait par contre l'unanimité. 100% de
ceux qui se déclarent proches du Front de gauche veulent voter pour lui.
Chez Europe-Ecologie-les Verts, le taux est de 90%. De quoi espérer des
reports de voix très favorables.
Mais il ne
s'agit là que de "virtuel". Et Nicolas Sarkozy rejette ces hypothèses :
"La mode c'est de dire que je n'aurai pas assez de réserves de voix.
Mais le deuxième tour, c'est une autre campagne", a martelé le chef de
l'Etat devant les représentants de sa majorité lundi, selon Le Figaro.
Un optimisme qui frise parfois l'euphorie. Vendredi, à Besançon, le
candidat de l'UMP n'a pu s'empêcher de railler ce "petit club des
socialistes heureux" qui se voyait déjà à l'Elysée. "Oui, mais je suis
là", a-t-il plastronné. Mais certains dans son camp affichent des
réserves : "Les excès d'optimisme d'aujourd'hui sont aussi ridicules que
les excès de pessimisme d'hier, rien n'est fait", faisait observer un
ministre à l'AFP vendredi. "La remontée de Sarkozy semble irréversible
mais je ne suis pas sûr que les courbes se seront croisées le 6 mai",
prophétisait-il. C'est bien tout l'objet du pari de Nicolas Sarkozy.
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