mardi 3 avril 2012
Assez faible niveau général
Le pire, dit-on, n’est jamais sûr, mais parmi tous les sondages qui
permettent de tracer, au fil du temps, les courbes de popularité ou
d’intentions de vote, il en est un qui inquiète sérieusement les
états-majors des candidats à la présidentielle : la courbe – ascendante –
de l’abstention. Elle est la mesure de la popularité des élections
elles-mêmes, donc de la démocratie représentative, la somme des
intentions de voter pour les candidats pris collectivement. Une enquête
avait donné l’alerte, début mars, quand 65 % des personnes interrogées
avaient jugé la campagne peu intéressante. Un pourcentage jamais
atteint. La déception des citoyens est confirmée par un nouveau
questionnaire (en page 4) qui révèle que 32 % des inscrits se disent
tentés de bouder les isoloirs dans dix-neuf jours. Le contraste avec
2007 est aussi radical qu’affligeant. La mobilisation pour choisir les
deux finalistes, entre douze candidats, avait alors atteint 83,77 %,
marquant un sursaut citoyen après des années d’érosion civique. L’un des
deux finalistes de 2007 – qui plus est, le vainqueur – est à nouveau
dans l’arène et son duel avec le champion socialiste s’annonce plus
serré, que celui qui l’opposait à Ségolène Royal. Mais rien n’y fait. Le
candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, Philippe Poutou, discerne un
« écœurement de la politique » qu’il impute surtout à « la gauche qui a
contribué à trahir ». Mais alors, le président sortant serait sur un
boulevard vers sa réélection ! Rien, aujourd’hui, n’y ressemble
pourtant. Force est de constater qu’à ce stade, sans préjuger d’un
réveil des motivations, l’inappétence de l’électorat ne tient pas à un
camp, mais à la qualité du menu. Il ne ressemble pas à cette gastronomie
française que l’on voudrait inscrire au patrimoine mondial de
l’humanité, mais évoque parfois la malbouffe.
Quand, dans son
entretien avec des journaux régionaux, l’actuel
locataire de l’Élysée lâche que « rien n’empêche de parler de la crise
», on sent comme un agacement vis-à-vis d’une thématique moins aisée que
le redoublement des slogans sécuritaires. Et qui pourtant préoccupe
profondément les Français pour le présent et l’avenir, celui de leurs
enfants, de leur emploi, de leur patrimoine, surtout quand il est
modeste.
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