Angela Merkel voit-elle déjà le candidat du PS François Hollande à l'Elysée ? Bien que démentie par le porte-parole de la chancellerie à Berlin, une information de l'hebdomadaire allemand Spiegel parue le 3 mars le laisse penser : Mme Merkel, le président du Conseil italien Mario Monti, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy et le premier ministre britannique David Cameron se seraient entendus pour ne pas recevoir M. Hollande pendant la campagne présidentielle.
Si la chancelière voulait établir un rapport de forces avec un éventuel futur président français, elle ne s'y prendrait pas autrement. En jeu : le pacte budgétaire européen que vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement européens viennent de conclure mais qui doit encore être approuvé par les parlements nationaux, voire par un référendum en Irlande. M. Hollande assure vouloir le renégocier.Alors qu'on attend prochainement un soutien explicite du SPD à M. Hollande, une subtile partie va donc se jouer dans les semaines à venir entre Mme Merkel, le SPD et M. Hollande. Avec en filigrane une question : quel équilibre entre rigueur et croissance en Europe ? Pour faire pression sur un éventuel président socialiste, la chancelière n'a d'autres moyens que de trouver d'autres alliés.
L'Italie et l'Espagne, proches traditionnellement de la France en tant que "pays du Club Med", sont actuellement dirigées par des conservateurs et promues partenaires privilégiées de l'Allemagne. M. Rajoy s'est rendu à Berlin dès sa prise de fonction et M. Monti a su s'imposer comme un interlocuteur incontournable de Mme Merkel.
CONTOURNER PARIS
Cette tentative de contourner la France n'est pas seulement liée à l'élection présidentielle française. La perte du triple A pour la notation de la dette de la France, par l'agence Standard and Poor's le vendredi 13 janvier, a également été un élément déterminant. Même si la chancelière soutient Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle, les liens entre les deux pays ne sont déjà plus ce qu'ils étaient.
Contrairement aux sommets précédents, le Conseil européen du 30 janvier n'a pas été précédé par une rencontre préparatoire entre les deux responsables (ceux-ci ne se sont vus que le 9 janvier) alors que Mme Merkel a multiplié les entretiens avec les autres leaders européens. Résultat : au conseil, la chancelière a présenté, contre l'avis de la France, l'idée d'envoyer en Grèce un commissaire européen aux économies.
Même désaccord lors du sommet du 1er mars. Alors que le président français affirmait que la crise appartenait au passé, Mme Merkel jugeait qu'un retour à la normale n'était pas pour demain.
La stratégie de la chancelière ne fait pas l'unanimité en Allemagne. Elle est non seulement critiquée par le SPD mais aussi par Guido Westerwelle, le ministre (libéral) des affaires étrangères. Comme il l'avait déjà fait le 6 février lors de la prestation télévisée commune à M. Sarkozy et à Mme Merkel, le ministre "recommande à tous les partis politiques allemands de faire preuve de retenue. Les divergences politiques allemandes ne doivent pas être exportées vers la France", estime-t-il dans un entretien au quotidien Die Welt du 4 mars.
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