TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 5 mars 2012

Démesure(s) 


Nicolas Sarkozy a marqué de son empreinte les quinze jours qui ont suivi sa déclaration de candidature en multipliant les annonces-choc : référendum en cas de blocage d’une réforme, refonte de la Prime pour l’emploi, réforme du RSA et du bac professionnel, entre autres. Le président-candidat a promis une campagne à cinq-cents à l’heure, que François Hollande s’essoufflerait à suivre. Le démarrage en trombe a été réussi, et les sondages ont commencé à frémir. Mais depuis que les roues avant ont à nouveau touché terre… le bolide patine. La semaine passée, le chef de l’État a été pris à son propre jeu de la saturation des médias. C’est son adversaire qui a repris la main en annonçant la taxation à 75 % des super-riches.
François Hollande fait du Sarkozy, au moins sur la forme : il magnifie un symbole. Sa mesure ne rapporterait presque rien ; pire, elle pourrait coûter très cher en faisant fuir des capitaux par millions. Peu importe : elle « réenchante le rêve français », pour reprendre le slogan de début de campagne du candidat PS. Et elle stigmatise le « président des riches » qui a instauré en 2007 un bouclier fiscal inégalitaire, finalement abrogé pour cause de crise et de scandale Bettencourt-Woerth.
Ces 75 % ont sonné le début d’une très mauvaise séquence pour Nicolas Sarkozy : ses propositions pour l’éducation sont passées inaperçues — en plus, il a oublié de lire un paragraphe-clé de son discours, ce qui relève de l’acte manqué —, sa visite à Bayonne a été pourrie par les indépendantistes basques et il a cafouillé sur le rapatriement de la journaliste française blessée en Syrie.
Résultat enregistré par l’ensemble des enquêtes d’opinion : François Hollande a creusé l’écart, au 1 er et au 2 e tour. Depuis que la France élit son président au suffrage direct, celui-ci est constamment arrivé en tête au 1 er tour, même Giscard, qui a finalement été battu par Mitterrand. Et les rapports de force se figent presque toujours dans les deux derniers mois de campagne. Chirac était passé devant Balladur à la mi-février.
C’est dire que pour Nicolas Sarkozy le temps presse. Que va-t-il trouver cette semaine pour inverser la tendance ? Non seulement il faudra du « lourd », mais le président-candidat est désormais prévenu : en face, François Hollande sait manier, également, la démesure.

0 commentaires: