mercredi 21 mars 2012
Respect des morts… et des vivants
« À quelque chose malheur est bon » dit le proverbe. Celui-ci inspire
à bien des observateurs la réflexion – ou l’espoir ? – que les drames
de Toulouse et Montauban vont pousser à modifier le ton de la campagne
présidentielle, pour – parlons clair – en rehausser le niveau.
L’enquête
d’opinion qui attestait, récemment, d’une baisse d’intérêt du public
pour le débat a montré que la perception d’un certain déficit de
qualité, dans cette confrontation d’idées et de projets, n’était pas une
lubie.
Sous le choc des inimaginables assassinats commis, lundi,
devant et dans la cour de l’école juive Ozar-Hatorah, la classe
politique aurait donc pris de bonnes résolutions : privilégier une
tonalité plus mesurée, pratiquer des attaques personnelles moins
tranchantes, veiller à plus de rigueur dans les chiffres, s’abstenir de
comparaisons avec les années noires du passé, dont on voit bien ce
qu’elles ont d’outrancier lorsque surgit la vraie barbarie.
Laissons-nous
donc surprendre, mais sans illusions. Une bataille électorale a aussi
des exigences de conviction, de controverse, de passion, qui favorisent
davantage le recours à la bombarde qu’à la musette.
Les joutes
préludant aux votes des 22 avril et 6 mai reprendront donc très vite, et
de plein droit. Car la démocratie elle-même ne doit pas figurer sur la
liste des victimes du criminel anonyme. L’horreur semée par cet
individu, si tant est qu’il agit tout seul, se suffit à elle-même et ce
criminel ne doit pas obtenir en bonus la paralysie de la République.
Si
l’on souhaite, malgré l’approche du scrutin crucial, que le dernier
mois de la campagne présidentielle gagne en substance et en sérénité, ce
n’est pas seulement sous l’effet des récentes tragédies – et face aux
risques de récidives sanglantes – mais parce que le respect, en
politique aussi, n’est pas seulement dû aux morts, mais déjà aux
vivants. En l’occurrence, les citoyens en quête d’une information
honnête et complète sur les intentions de ceux qui prétendent les
conduire.
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