TOUT EST DIT

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mardi 27 mars 2012

Nicolas Sarkozy veut « protéger les Français »

Entretien avec Nicolas Sarkozy. Président sortant, candidat de l'UMPà l'élection présidentielle.

Après le drame de Toulouse, la République a-t-elle, comme le dit François Bayrou, des questions à se poser ?
Je ne vois pas au nom de quoi on culpabiliserait la République du fait des crimes monstrueux de Mohamed Merah. C'est un monstre qui s'est auto-radicalisé et qui est passé sans transition de la délinquance de droit commun au terrorisme.
Mais c'est un Français, il a grandi dans une banlieue toulousaine...
Mohamed Merah est capable de tirer à bout portant dans la tête d'une petite fille. Croyez-vous que des institutions de la République, comme l'école, le collège, le lycée ou celles destinées à favoriser l'intégration ou l'insertion socioprofessionnelle de nos jeunes, sont compétentes pour traiter ce genre de comportement ?
C'est bien la question !
La réponse est non. Mohamed Merah n'est pas le résultat d'une société ou d'un climat. Pour autant, nous devons nous interroger sur la prévention des nouvelles formes de radicalisation islamiste. Je souhaite par ailleurs rendre hommage aux forces de l'ordre et aux magistrats qui ont fait un travail remarquable, permettant de confondre et mettre le meurtrier hors d'état de nuire en dix jours.
La banlieue a été un grand thème de campagne en 2007. Pourquoi est-elle si absente ?
Les quartiers, aujourd'hui, sont plus sûrs, plus agréables à vivre, moins éruptifs qu'il y a 10 ans. Nous avons investi 43 milliards d'euros avec le plan ANRU et j'ai annoncé un deuxième plan de 18 milliards pour continuer ce travail. Il n'y a rien de plus faux que de dire qu'il ne s'est rien passé dans les banlieues.
Votre manière de présider a troublé. C'est votre sentiment ?
Mais enfin, elle m'a permis de ne reculer sur aucune des réformes ! De faire sans violence la réforme des retraites, l'autonomie des universités, d'imposer le service minimum dans les transports, ou encore de réformer le statut des dockers et des ports. J'ai beaucoup de progrès à faire sur la méthode, mais qu'est-ce que ce serait si elle avait été bonne !
Vous annoncez des mesures chaque jour. Mais quel est votre projet global ?
J'ai gardé les mêmes valeurs : le travail, l'effort, le mérite, la responsabilité, l'autorité, la solidarité. À la différence de M. Hollande, je considère qu'on ne peut pas isoler la France et lui promettre qu'on l'exonérera des efforts que les autres font et demandent. Mon projet, c'est de dire aux Français : vous avez besoin d'être protégés. Et pour être protégés, il faut que votre pays soit fort, en remboursant ses dettes. C'est pourquoi je respecterai l'objectif de 0 % de déficit en 2016. Le deuxième élément de mon projet, c'est la compétitivité en allégeant le coût du travail tout en augmentant les bas salaires.
Ces engagements représentent un effort de 110 milliards d'impôts en plus et de dépenses en moins...
Sur les 40 milliards de prélèvements supplémentaires, 32 sont déjà votés. Sur les huit autres, j'ai proposé 3,5 milliards de recettes sur les grands groupes et les exilés fiscaux. Il reste 4,5 milliards à trouver en cinq ans ! Sur les économies, je continuerai à réduire le nombre de fonctionnaires ; je n'accepterai pas qu'on touche à la réforme des retraites et nous soumettrons les grosses collectivités territoriales à un effort d'économies. Est-il normal que les effectifs des collectivités territoriales, en dix ans, aient augmenté de 175 %, sans transfert de compétence ?
Quels sont les leviers de la relance en Europe alors que l'austérité pointe un peu partout ?
Je pense que nous sommes sortis de la crise financière, que la confiance revient et que nous sommes en phase de reprise économique. Que n'a-t-on dit des sommets entre Mme Merkel et moi ! Grâce à ces sommets, l'Europe est dotée d'un gouvernement économique qui a surmonté la crise grecque.
L'Espagne est fragile cependant...
Raison de plus pour conforter ce que nous avons fait. J'ai donc proposé trois choses et fixé un délai d'un an. Si Schengen ne se dote pas d'une gouvernance politique et ne résout pas la protection des frontières de l'Europe, nous suspendrons notre participation à Schengen. En matière commerciale, j'ai proposé qu'on fonde la réciprocité, à travers un Buy European Act, qui permettra de réserver des marchés publics à des entreprises qui produisent en Europe, tant que les marchés en Asie ne sont pas ouverts. Enfin, j'ai proposé un Small Business Act, réservant 20 % de nos marchés publics aux PME.
C'est un ultimatum ?
Pas du tout, c'est du volontarisme. Vous avez sans doute vu que le ministre de l'Intérieur allemand a récemment déclaré que j'avais parfaitement raison et qu'il demandait la même chose. La vérité, c'est que si l'Europe retombe dans ses travers d'avant, elle explosera.

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