TOUT EST DIT

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mardi 27 mars 2012

François Hollande séduit de moins en moins les jeunes électeurs

Il a fait de la jeunesse "sa" priorité. Mais la jeunesse semble de moins en moins convaincue. Plébiscité par les moins de 30 ans il y a quelques mois, François Hollande recule nettement au sein de cette classe d'âge. A l'inverse, deux de ses concurrents progressent sensiblement dans ce segment de l'électorat : Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Comme le montre une étude de l'institut CSA réalisée pour Le Monde, les candidats du Front de gauche et du Front national sont les deux seuls prétendants à l'Elysée qui, chez les moins de 30 ans, bénéficient d'intentions de vote supérieures à celles qu'ils obtiennent auprès de l'ensemble des Français.
Dans cette étude qui compare deux séries de trois sondages (les premiers effectués entre octobre et décembre 2011, les seconds réalisés en mars 2012), ce qui a l'avantage d'avoir des échantillons de tailles convenables, François Hollande sort à la fois gagnant et perdant. Gagnant, car il reste le candidat qui agrège sur son nom le plus de jeunes. Perdant, car son avance, écrasante fin 2011, ne l'est plus guère désormais. "François Hollande peine à fidéliser les jeunes électeurs autour de sa candidature", constate Yves-Marie Cann, directeur d'études chez CSA.

Au quatrième trimestre 2011, 39 % des moins de 30 ans déclaraient leur intention de voter pour le candidat socialiste. A l'époque, ils étaient 17 % à se prononcer pour Nicolas Sarkozy, 14 % pour Marine Le Pen, 11 % pour François Bayrou et 6 % pour Jean-Luc Mélenchon. Aujourd'hui, seuls 26 % des moins de 30 ans disent vouloir voter pour M. Hollande, soit une baisse de 13 points. A l'inverse, M. Bayrou a gagné deux points, M. Sarkozy et Mme Le Pen ont progressé de 6 points chacun, et M. Mélenchon a bondi de 8 points.
Ces chiffres sont à mettre en rapport avec les intentions de vote moyennes des différents candidats. Au dernier trimestre 2011, à l'époque où 39 % des moins de 30 ans déclaraient vouloir voter pour lui, François Hollande était crédité d'environ 33 % des voix dans l'ensemble de l'électorat. Désormais, alors que son score moyen de premier tour est de 29 % auprès de l'ensemble des Français, il n'est que de 26 % chez les jeunes. Surreprésentés il y a quelques mois parmi les électeurs du candidat socialiste, les moins de 30 ans sont aujourd'hui sous-représentés.
Pour d'autres candidats, c'est le phénomène inverse que l'on observe. Fin 2011, Jean-Luc Mélenchon obtenait des scores équivalents chez les jeunes et auprès de l'électorat dans son ensemble : environ 6 %. Aujourd'hui, le candidat du Front de gauche obtiendrait 11 % des voix au premier tour. Mais auprès des seuls électeurs âgés de moins de 30 ans, il réaliserait un score bien meilleur : 14 %.
"JEUNES" ET "JEUNES"
Le même constat vaut pour Marine Le Pen. Fin 2011, la candidate du FN accusait un léger retard chez les moins de 30 ans. Créditée de 16 % des voix au premier tour, elle obtenait seulement 14 % dans cette frange de l'électorat. Depuis, la part des jeunes s'est renforcée parmi ses partisans. Tandis que ses intentions de vote ont baissé de 2 points auprès de l'ensemble des Français, elles se sont renforcées de 6 points chez les jeunes.
Il y a bien sûr "jeunes" et "jeunes". De ce point de vue, au-delà des tendances générales, l'étude de CSA permet de mettre en valeur certaines singularités, liées au sexe, à l'âge, au milieu social et au niveau de diplôme des personnes interrogées.
Concernant le sexe, un phénomène est saillant : les candidats situés aux extrêmes séduisent plus les jeunes hommes que les jeunes femmes. Alors qu'ils progressent de 9 points chez les premiers, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ne gagnent respectivement que 5 et 2 points chez les secondes. C'est tout l'inverse qui se produit pour François Bayrou. Entre le dernier trimestre 2011 et mars 2012, le président du MoDem est resté stable (11%) chez les jeunes électeurs. Il est en revanche passé de 10 % à 16 % chez les jeunes électrices.
MELENCHON CHEZ LES CSP+
Selon l'âge, les évolutions ne sont pas les mêmes non plus. C'est chez les 18-24 ans que Jean-Luc Mélenchon progresse le plus et que François Hollande baisse le moins. C'est au contraire chez les 25-30 ans que François Bayrou et Nicolas Sarkozy font les plus grandes percées. L'extrême droite, quant à elle, fait un bond chez les 18-24 ans. Dans cette catégorie d'âge, Marine Le Pen talonne désormais François Hollande (25 % contre 28 %). Fin 2011, elle était loin derrière (13 % contre 39 %).
Autre variable intéressante : la profession du chef de famille. Pour les jeunes électeurs, note Yves-Marie Cann, il s'agit là d'un "bon indicateur du milieu social des personnes interrogées". C'est parmi les CSP+ que François Hollande décline le plus, au profit à la fois de Jean-Luc Mélenchon et de François Bayrou. Chez les CSP–, la percée la plus spectaculaire est celle de Marine Le Pen.
Sans surprise, enfin, c'est chez les moins diplômés que le candidate du Front national progresse le plus même si, dans le même temps, elle consolide ses positions à l'autre bout du spectre : quand François Hollande perd dix points chez les titulaires d'un diplôme supérieur à bac + 2, Marine Le Pen en gagne 8, soit autant que Jean-Luc Mélenchon. "Un diplôme élevé ne semble plus agir autant qu'avant comme une barrière au vote FN. C'est sans doute lié aux difficultés de plus en plus grandes que rencontrent les plus diplômés sur le marché du travail", constate Yves-Marie Cann.

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