Nicolas Sarkozy voulait emballer la campagne présidentielle pour lâcher rapidement et irrémédiablement ses adversaires, par ses idées et ses propositions. On était loin, hier soir sur France 2, de cette ambition ! Rendons cette justice au président-candidat : David Pujadas et Nathalie Saint-Cricq l’ont enfermé pendant une bonne heure dans le coin du ring. Un coin nommé bilan, et même pas le bilan des réformes réalisées – elles sont tout de même nombreuses – mais sur les gestes manqués : le Fouquet’s, le yacht de Bolloré, le « casse-toi pov’con » du Salon de l’Agriculture en 2008. Depuis une semaine, le chef de l’État était à la remorque de Marine Le Pen sur la viande halal, et à la défensive face à François Hollande sur la fiscalité des super-riches. Il a été rattrapé hier soir par son propre « style », qu’il croyait avoir corrigé.
L’autocritique lui va mal au teint, avait prévenu Jean-Pierre Raffarin. Effectivement, la contrition n’est pas mobilisatrice. Sans doute était-elle indispensable, mais elle arrive bien tard. Le président, qui a admis avoir mis du temps à enfiler son costume de chef de l’État, aurait gagné à solder ses erreurs au fur et à mesure qu’il entrait dans ce fameux complet-veston. Comme pour la TVA sociale et pour la refonte de la prime pour l’emploi, il a reculé son examen de conscience jusqu’à l’extrême limite du calendrier électoral. Il est contraint de rattraper le temps perdu.
« Je ne suis pas le lapin Duracell », a-t-il lancé non sans humour. N’empêche : la tortue Hollande, elle, mène son petit bonhomme de chemin pendant qu’il s’échine encore à ajuster sa foulée. Et chaque fois qu’il place un démarrage, le fardeau du chômage alourdit sa course.
La combativité du candidat est intacte. Son talent oratoire n’est plus à démontrer, son habileté non plus. Il sait parler à la « majorité silencieuse » qui est sa cible principale. Il a de l’énergie à revendre et, comme il l’a souligné, il remplit les salles et mobilise les Français devant leur téléviseur. Son handicap réside en fait dans une phrase qu’il a prononcée hier, peut-être imprudemment : « La seule vérité, ce n’est pas ce qu’on dit, c’est ce qu’on fait. » Cette sentence s’adressait bien entendu à ses concurrents. Son problème, c’est que c’est lui qui est aux manettes, depuis cinq ans.
mercredi 7 mars 2012
À la recherche du temps perdu
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