Personne ne s'est attardé trop longtemps sur le pas de la porte. "Il fait un froid de gueux", a tranché Carla Bruni-Sarkozy en rejoignant la loge de M. Sarkozy située juste en face de celle de M. Fabius. Sur une table basse, le couple présidentiel a pu y trouver fruits frais, légumes croquants, petits gâteaux, chocolats et une machine à expresso. Les choses avaient été bien faites.
Tout sourire et visiblement détendu, M. Sarkozy s'est enfermé quelques minutes avec Henri Guaino, son conseiller spécial à l'Elysée. Franck Louvrier, son conseiller pour la communication, arrivé bien avant pour repérer les lieux, les a rejoints. Cinq petites minutes de conclave pour caler quelques répliques.
"LES JOURNALISTES SONT TOUS DES PINOCCHIO"
Dans le couloir, Carla Bruni-Sarkozy devise avec M. Pflimlin et les journalistes de France 2. "Les journalistes sont tous des Pinocchio", dit-elle en rigolant et en faisant le geste du nez qui s'allonge.
A 20 h 30, M. Sarkozy, entouré comme un boxeur qui se rend sur le ring, monte vers le plateau de l'émission. Carla est à son bras. Il serre la main à tous ceux qu'il croise. Les hommes de la sécurité sont aux anges. Dans les coulisses du plateau, quelques minutes avant l'antenne, il parle à voix basse à sa femme et l'embrasse pour la plus grande joie des photographes. Cette fois-ci, pas de photos volées comme lors de sa déclaration de candidature sur TF1, le 15 février. Chacun joue parfaitement le jeu. "Je me sens bien !", dit-il.
Carla Bruni-Sarkozy rappelle que François Mitterrand avait dit de son mari qu'il était "un excellent débatteur". "C'est un beau compliment", concède M. Sarkozy en se recoiffant avec la brosse de sa maquilleuse personnelle. "Bon, on ne va quand même pas à un enterrement !", glisse-t-il avant d'entrer sur le plateau.
"IL A UNE BELLE VOIX"
C'est dans la loge, en compagnie de M. Guaino et d'une amie, que Carla Bruni-Sarkozy suit la prestation de son mari. Pianotant sans cesse sur le clavier de son téléphone portable pour envoyer des SMS, elle écoute d'une oreille distraite. "Il a une belle voix", assure-t-elle et s'offusque lorsque Nathalie Saint-Cricq demande, une nouvelle fois, à M. Sarkozy s'il regrette la soirée du Fouquet's. "Nous sommes des gens modestes", argumente-t-elle à haute voix. Puis, elle se tourne vers M. Guaino : "De temps en temps, ils donnent la parole à des journalistes de droite ?", lui demande-t-elle. Le conseiller spécial feint de ne pas entendre.
Vers 22 heures, M. Louvrier passe la tête avec un air ravi. Sur son téléphone portable, il voit que les chiffres d'audience de l'émission, calculés en direct, sont très bons. "Le président est vraiment très à l'aise", juge-t-il. Ce n'est pas l'avis de M. Fabius qui, en attendant d'entrer sur le plateau pour le débat, estime que le discours du président candidat est "très décousu".
Il est presque minuit. M. Fabius est déjà parti. L'émission vient de se terminer et M. Sarkozy se dit "enchanté". "Il s'est livré sans détour et c'est ce qu'il fallait faire", dit M. Guaino. "Je me suis senti très à l'aise car c'est vraiment une très bonne émission", confirme M. Sarkozy en s'adressant aux journalistes qui viennent de le passer sur le grill pendant près de trois heures. "J'attendais ce genre de débat depuis cinq ans car il y a une réelle liberté pour dire les choses", poursuit-il. Et lorsqu'on lui demande ce qu'il a pensé de son débat avec M. Fabius, il répond en affichant d'abord un sourire silencieux. Puis, il dit : "Je crois qu'il a accusé le coup lorsque je lui ai rappelé qu'il avait traité Hollande de 'fraise des bois'."
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