vendredi 23 mars 2012
La France n’est donc pas en guerre ?
Le fait, répété en boucle, que l’emblématique Mohamed Merah ait été
« sous la surveillance de la DCRI », le Renseignement intérieur
français, n’a franchement rien de rassurant. Cela laisse planer un réel
doute sur l’efficacité de la lutte contre les réseaux terroristes
islamistes en France. Certes, nous dira-t-on, on ne peut pas mettre un
policier français derrière chaque djihadiste potentiel, car – de moins
en moins rassurant – ils sont très nombreux (15 000 salafistes avoués en
France, tous bien sûr ne sont pas moudjahidines mais beaucoup sont
sympathisants de la cause djihadiste). Mais si Merah était aussi bien
« surveillé » qu’on nous le dit, pourquoi ne l’a-t-on pas « logé » et
arrêté tout de suite après l’assassinat du premier militaire le 11 mars
dernier ? Puis après les trois autres à Montauban ? Il a fallu attendre
encore le massacre des enfants juifs de l’école de Toulouse pour que les
Hercule Poirot de la DCRI se tapent sur le front : mais oui, mais c’est bien sûr !
Détail qui serait comique si la situation n’était pas affolante,
Mohamed Merah a été entendu par les flics du Renseignement français
après ses fameux « stages » au Pakistan et en Afghanistan en
novembre 2011, il y a donc très peu de temps.
Mais, tenez-vous bien, « photos à l’appui » (Mohamed devant les
monuments d’Islamabad, Mohamed devant les ruines du Palais Darul Aman,
quel malin ce Mohamed), le jeune moudjahidine a fait gober à la DCRI
qu’il y avait effectué des séjours touristiques et cela les a
« rassurés ». Le Pakistan et l’Afghanistan sont en effet des
destinations touristiques du moment très en vogue et particulièrement
recommandées par les tours-opérateurs… Le propre frère de Mohamed,
Abdelkader, était connu pour être impliqué dans une filière
d’acheminement de djihadistes vers l’Irak.
« On ne peut vraiment pas dire que ce touriste un peu particulier
ait été pris en compte », juge l’expert international des questions de
sécurité et de terrorisme, François Heisbourg.
Et puis c’est vrai qu’il fallait suivre la piste d’extrême droite dont les journaux de gauche (voir l’ignoble une de Charlie-Hebdo)
et de nombreux hommes politiques se gargarisaient (voir le communiqué
du FN ci-dessous), tout le monde avait tellement envie que ce soit ça.
Cela aurait été tellement plus moral et plus correct que l’ennemi public
n° 1 ne soit pas cet islamiste français, emblématique, d’origine
algérienne, prénommé Mohamed et se réclamant d’Al-Qaïda.
Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a une explication. « Même
si ce jeune homme était signalé, il était impossible, faute d’éléments
plus précis, de l’arrêter préventivement ou de le surveiller plus
étroitement sous peine de constituer un Etat policier. »
Le mot est lâché. Il vaut mieux en effet constituer un Etat sous menace
terroriste dans lequel on assassine des enfants devant leurs écoles et
l’on abat des soldats français dans la rue. Il vaut mieux laisser
« mettre la France à genoux » comme s’en est vanté Mohamed Merah. La
France n’est-elle donc pas en guerre après les actes terroristes qui
viennent de l’ensanglanter et de l’endeuiller ?
Seule Marine Le Pen a eu la juste analyse : « le risque
fondamentaliste a été sous-estimé dans notre pays. Il faut maintenant
mener cette guerre contre ces groupes politico-religieux
fondamentalistes ».
« Attention, nous n’avons pas affaire à des fous », analyse Samir
Amghar, spécialiste du salafisme. « Les djihadistes obéissent à une
rationalité. Ils sont persuadés du bien-fondé de leur acte. Il n’y a pas
un seul profil. Le salafiste djihadiste n’est pas forcément en
exclusion sociale. Il peut être intégré socialement et économiquement. »
Une cinquantaine de mosquées en France sont connues pour avoir un
imam dont le discours est « radical ». Le parcours des djihadistes
français passe généralement par eux, explique Yves Trotignon, ancien de
la DGSE, spécialisé dans l’antiterrorisme.
Repéré par un « recruteur », toujours en France, le « combattant de
l’islam » est présenté à d’autres « frères » qui le testent sur ses
idées, les limites de son engagement et lui demandent de se faire
discret. C’est le début de la logique sectaire et de la clandestinité.
Autre lieu de recrutement, les prisons où le prosélytisme islamiste a
cours plus que jamais.
Le premier billet d’avion pour les camps d’entraînement et
d’endoctrinement du Pakistan, d’Afghanistan, d’Irak ou du Yémen est
« généralement financé par la quête ou les bonnes œuvres de la
mosquée », poursuit Trotignon. De mieux en mieux. Mais ne perdons pas de
vue que le grand risque c’est l’Etat policier.
La formation dans les zones de combat relève d’autres modes financiers. Il existe des ONG
ou des donateurs richissimes au Qatar, dans les Emirats arabes unis ou
en Arabie Saoudite qui financent ces circuits. Le financement se fait
également localement. Par le trafic de stups dans les régions afghanes
ou les prises d’otages dans les zones sahéliennes.
Après pareille tragédie, pareille horreur, pareille leçon, personne à
part le Front national ne va donc s’interroger sur la nature du danger
islamiste dans notre pays ? Par crainte d’amalgame, de stigmatisation et
d’Etat policier, pour ne pas déplaire aux musulmans, la vérité ne sera
pas dite et les mesures qui s’imposent ne seront pas prises ? Personne
n’envisage par exemple de mettre hors circuit la mouvance salafiste en
France ? Précisément ce courant qui considère la guerre sainte comme une
obligation religieuse et qui veut remplacer les gouvernements par des
Etats islamistes. Commençons par ça, déjà, en France. Par les prêches
qui infestent les mosquées, pourrissent les cités, attisent la haine de
la France, menacent la sécurité de l’Etat, des biens et des personnes et
arment les combattants de l’islam pour massacrer nos enfants.
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