TOUT EST DIT

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mercredi 28 mars 2012

Et la campagne a repris son cours…


  L’équipée sauvage et meurtrière d’un tueur jihadiste issu des déracinés de l’immigration (voir Présent d’hier), sorte d’ange exterminateur de l’islamisme en vidéos et clips horrifiques, a quelque peu recouvert la semaine dernière un non-événement absolu de la campagne électorale : « l’engagement » de Jean-Louis Borloo auprès de Nicolas Sarkozy. Un candidat sortant qu’il trouve « présidentiel, sobre et efficace ». C’est sans doute sa « sobriété » qui a le plus séduit le président du parti radical ? Ministre sans discontinuité de 2002 à 2010, personne n’imaginait que Borloo fasse un autre choix. Certes, le parti radical n’accorde qu’un « soutien de principe » et « vigilant » à Nicolas Sarkozy. Mais après l’élection présidentielle il y aura les législatives, avec le délicat problème à régler, pour les radicaux, des investitures. Conserver son siège de député vaut bien qu’on relâche un peu sa « vigilance ». Borloo pointe tout de même, pour la forme, quelques « lacunes » dans le projet de Nicolas Sarkozy qu’il s’apprête à soutenir. Notamment sur l’aide à apporter aux familles surendettées et aux salariés précaires en quête d’un logement, sur l’apprentissage ou le soutien des élèves en difficulté dans le primaire. Mais pas de panique : ces lacunes, Borloo et ses radicaux seront là pour les combler. Borloo ne fléchit jamais : il boit l’obstacle !
C’est le printemps : Nicolas Dupont-Aignan s’offre l’Équinoxe
Dimanche dernier Nicolas Dupont-Aignan, « candidat souverainiste » à la présidentielle, a tenu meeting devant un millier de ses partisans dans une salle parisienne, l’Equinoxe. « Aliénés à des autorités non élues, à Bruxelles, aux marchés financiers, aux féodalités intérieures, les Français ont perdu le goût de vivre ensemble car la France a perdu sa liberté », a lancé de façon martiale le candidat de Debout la République. « Nous ne pourrons résoudre les problèmes de la France que si nous élisons un président qui gouverne à nouveau au nom du peuple français dans l’intérêt national (…) Nous devons rendre aux Français le pouvoir qui leur a été ôté. »
Nicolas Dupont-Aignan parle d’or et a le sens des formules percutantes. Dimanche, il a brocardé avec une verve corrosive les « grands » candidats : François Bayrou, « l’enfant caché de Sarkozy et Hollande », Jean-Luc Mélenchon, « qui ira sur le pédalo socialiste avec joie », François Hollande « avec lui ce n’est pas le changement maintenant, c’est le changement tellement lentement » et aussi bien sûr Nicolas Sarkozy, « rentré dans le Guiness Book » avec « le record des annonces jamais suivies d’effets » et celui « hors catégorie » des « promesses jamais tenues ». Sarkozy qui, « sans aucun complexe, recommence la campagne de 2007. Mais on est en 2012… Il ne suffit pas d’enlever sa Rolex pour être le candidat du peuple ». C’est ce qui s’appelle sans doute remettre les pendules à l’heure ? Toutefois il ne suffit pas non plus, pour être un nationaliste crédible, de parler comme Marine Le Pen, en omettant bien sûr un élément essentiel de son programme : l’immigration et toutes les conséquences, dont l’insécurité, qui en découlent. Rien non plus sur l’islamisation de notre pays. Dupont-Aignan veut une France républicaine souveraine, mais ouverte à tous. Il n’hésite pas à qualifier Marine Le Pen de « fausse alternative ». Lui représente une vraie alternative : mais une alternative à 0,5 % des intentions de vote. Une alternative spermatozoïde en quelque sorte ? Nicolas Dupont-Aignan gaspille de bonnes idées, portées par des effets verbaux parfois étincelants, à cause d’une pensée politique par trop contradictoire, où l’allégeance à l’idéologie des droits de l’homme vient engloutir tout ce qu’elle contient de positif.
François Bayrou au Zénith
Avant l’Equinoxe printanière de Dupont Aignan, Hollande avait eu son Bourget, Sarkozy son Villepinte, Mélenchon sa Bastille… Et dimanche Bayrou a également décroché son Zénith. Après nous avoir dit et répété que les grands meetings, qu’il qualifiait avec dédain « d’onéreux barnums », n’étaient pas sa tasse de thé. Mais dimanche le candidat centriste, désormais devancé dans les sondages par Jean-Luc Mélenchon, s’est prêté à l’exercice avec succès. Il avait quelques propos maladroits – ceux tenus le mardi 20 à Grenoble à propos des tueries perpétrés par Mohamed Merah – à faire oublier (voir Présent de jeudi dernier). Propos qui visaient par la bande, de façon calomnieuse et sournoise, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, accusés de faire « flamber les passions » et de « stigmatiser les Français ayant des origines étrangères ». Bayrou veut, à son image, bâillonner les responsables politiques sur les sujets sensibles, tels l’immigration, l’islam ou le dysfonctionnement de l’Europe dont il demeure un partisan convaincu. Mais ses insinuations incendiaires et (diffamatoires) sur ses concurrents – alors qu’il prêche d’ordinaire l’apaisement – n’ont pas fait pour autant flamber les intentions de vote en sa faveur. Au contraire. Le voici en cinquième position, derrière Mélenchon. « Depuis quinze, vingt et trente ans, les deux mêmes partis, l’UMP et le PS, dominent le pouvoir. Depuis quinze, vingt ou trente ans, c’est eux qui nous ont conduits là où nous sommes. Il n’y a pas d’espoir du côté de chez eux. » Un Etat UMPS dont Bayrou, ancien ministre de l’Education de 1993 à 1997, d’abord sous François Mitterrand et Edouard Balladur, puis sous Jacques Chirac et Alain Juppé, s’exempte un peu vite et s’exonère à bon compte. « Je propose à notre pays le seul chemin qui permet de se reconstruire. » Un chemin qui passe bien sûr par l’Europe et sa monnaie unique, en dehors desquels point de salut pour la France. Malgré un Zénith réussi, Bayrou semble être sur une verticale descendante…
Nicolas Sarkozy confond la race avec la religion
Lundi matin Nicolas Sarkozy voulait fustiger la candidate du Front national, coupable à ses yeux de s’être interrogée, à propos des sept assassinats de Montauban et de Toulouse : « Combien de Mohamed Merah parmi les enfants de ces immigrés non assimilés ? » Non assimilés ? Nicolas Sarkozy feint de s’indigner : « On ne peut pas assimiler Mohamed Merah, Français né en France, aux enfants étrangers arrivés par bateau. » Et le président sortant de continuer sa remontrance : « Dès qu’il y a quelque chose d’outrancier à dire, on peut conter sur Marine Le Pen (…). Dire : Immigration = Mohamed Merah, n’a aucun sens (…) Les amalgames n’ont aucun sens… » Et, pour preuve de sa démonstration, de nous asséner cet amalgame aussi scandaleux qu’approximatif : « Je rappelle que deux de nos soldats étaient… comment dire… musulmans, en tout cas d’apparence, puisque l’un était catholique (…) ; comme l’on dit : la minorité visible. »
Musulmans d’apparence… « Cette formulation a provoqué l’indignation de la famille d’Abel Chennouf et celle de sa compagne Caroline », a indiqué Me Gilbert Collard, avant de préciser : « La famille de la victime trouve outranciers les propos du président de la République, chefs des armées, qui a osé confondre apparence et religion. » Par la voix de son avocat la famille affirme : « Ce sont des militaires français qui ont été assassinés, aucun d’eux, au moment de sa mort, n’exhibait la croix ou le Coran. »
Bernard Antony, en tant que président de l’AGRIF, fait le même constat outré : « Ainsi M. Nicolas Sarkozy, dont l’apparence est quelquefois clownesque, croit à l’évidence qu’être musulman c’est d’abord une apparence ! Il ignore que les chrétiens sont, comme les musulmans, de toutes races et de toutes ethnies. (…)  Il confond globalement les musulmans et les Arabes et prend en gros les gens à la peau moins claire que la sienne pour des musulmans. Ainsi s’expliquent peut-être les incohérences de la politique étrangère d’un Etat dirigé par un personnage pareillement inculte dans la connaissance de l’humanité en général et de nos concitoyens en particulier. »
Après quoi Bernard Antony s’efforce d’inculquer quelques notions d’histoire au cancre élyséen : « Il ignore sans doute qu’avant les invasions arabo-musulmanes les populations dites aujourd’hui “arabes” étaient très majoritairement chrétiennes, et qu’il y a encore des millions de chrétiens dans les pays arabes. Il en reste aussi dans les pays musulmans non arabes. » Hélas, aujourd’hui, « partout dans les pays d’islam, les peuples chrétiens se sont amenuisés et continuent de s’amenuiser sous les effets de l’alternance du jihad et de la discrimination dans la dhimmitude. Sans oublier les génocides éradicateurs de Turquie et d’ailleurs ». Bernard Antony rappelle aussi au chef de l’Etat, coupable, par ignorance et légèreté, de propos à connotations racistes et discriminatoires : « Notre parachutiste assassiné, Abel Chennouf, était un berbère catholique comme il y en a beaucoup à l’AGRIF et dans la Fraternité Chrétienté-Solidarité. Comme il y a également parmi nos compatriotes de métropole et d’outre-mer des chrétiens de différentes origines africaines ou asiatiques. »
Dès qu’il y a quelque chose d’outrancier (et d’inexact) à dire, on peut compter sur Nicolas Sarkozy, président de la République « d’apparence ». Une apparence brisée…
Désespérant Présent

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