La première est une désastreuse démographie. Son indice de fécondité plafonne à 1,40, loin du 2,1 qui assure la reproduction des générations. Les projections des démographes vont jusqu'à prévoir qu'en 2050 la population allemande, aujourd'hui de 81,4 millions (France : 65), pourrait se situer entre 69 et 73 millions (France, près de 70). Cette perspective est tout simplement dramatique, même si l'Allemagne peut compenser en recourant davantage à l'immigration.
La seconde faiblesse est un insuffisant budget de la Défense. Cette grande puissance économique ne consacre, aujourd'hui, que 1,3 % du PNB à son armée, (France : 2,4 %), ce qui représente 389 € par personne (France : 484 €). Certes, tous les budgets européens de Défense sont dangereusement en baisse. Ainsi l'Allemagne, qui vient d'abandonner la conscription et s'est engagée dans une profonde réforme de structure de son armée, verra-t-elle les effectifs de la Bundeswehr passer de 245 000 militaires à 185 000 dans les cinq prochaines années, les capacités d'intervention devant toutefois être accrues.
Un avenir énergétique incertain
La coopération franco-allemande s'en trouve affectée et, désormais, c'est plutôt avec la Grande-Bretagne qui, elle aussi, maintient son effort à un assez haut niveau, que la France coopère, comme en témoigne le traité franco-britannique de novembre 2010.
La troisième faiblesse est un incertain avenir énergétique. En renonçant au nucléaire à l'horizon 2022, qui actuellement représente 22 % de ses besoins en électricité, et en fermant dès cette année huit centrales nucléaires sur les dix-sept, Angela Merkel a fait un pari. Certes, en donnant la priorité aux énergies renouvelables, la Chancelière va dans une direction recommandée. Mais, le recours à l'énergie éolienne ne suffisant pas, l'Allemagne devra construire de nouvelles centrales au gaz et même au charbon, alourdissant le bilan d'émissions de CO2. Sans doute lui faudra-t-il aussi conserver, voire accroître, sa dépendance, déjà forte, à l'égard du gaz russe (40 % des importations de gaz), ce qui n'est pas sans conséquences politiques (France : 17 %).
Ces faiblesses doivent nous préoccuper, comme tout ce qui contribue à affaiblir l'Europe. Aussi, faut-il espérer que ces prévisions seront heureusement démenties, que les femmes allemandes feront plus d'enfants, que les Allemands consentiront à contribuer davantage à doter l'Europe de l'outil de défense dont elle a besoin et que l'Allemagne gagnera son pari énergétique sans avoir accru ni sa dépendance ni la pollution.
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