TOUT EST DIT

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mardi 7 février 2012

Un soutien à double tranchant 

Que les dirigeants des deux piliers de l'Europe en crise fassent assaut d'amabilités est plutôt rassurant. En d'autres temps, au-delà des différences politiques, on a vu Helmut Kohl et François Mitterrand, Jacques Chirac et Gerhard Schröder, se prêter main-forte. Il ne faut pas s'étonner que des partis amis s'épaulent. Au moment où la Grèce, dont on parle curieusement moins, peut encore emporter l'euro et l'Europe dans le ravin, tout message de fermeté est bon à prendre. Car non seulement rien n'est réglé, mais la situation d'Athènes, qui emprunte à vil prix tout en plongeant dans la récession, continue d'alourdir la facture collective. Mais pour le (pas encore) candidat de la droite, dont le QG de campagne est en pleins travaux, le message de la Chancelière n'est pas qu'européen. Tout comme François Hollande s'est exprimé devant le congrès du SPD, tout comme le président français avait appuyé la réélection de la Chancelière, Angela Merkel vote Nicolas Sarkozy. Pourquoi avec autant d'ostentation ? En volant au secours d'un partenaire mal placé dans les sondages, la Chancelière entend montrer qu'elle mène le bal en Europe. Et elle espère affaiblir un candidat socialiste qu'elle redoute. D'abord, elle a bien compris que François Hollande n'est pas franchement un VRP du modèle allemand. Surtout, elle craint qu'il crée un autre rapport de force en Europe et que ses thèses ne trouvent un écho en Allemagne où le débat sur les limites de l'austérité monte en puissance. Quant à Nicolas Sarkozy, il compte sur cette reconnaissance allemande pour prouver aux électeurs que c'est lui, et surtout pas François Hollande, l'allié de confiance et le sauveur indispensable de l'Europe. Car il est vrai que les deux dirigeants ont fini par s'apprécier et par nouer une relation complice. Mais n'en font-ils pas trop ? Pour l'un et l'autre, cet engagement est à double tranchant. En Allemagne, tout le monde, y compris à la CDU, n'apprécie pas l'ingérence d'Angela Merkel dans la campagne française. Par principe, d'une part, par réalisme d'autre part : si François Hollande était élu demain, est-il opportun de compliquer par avance une relation incontournable ? En France, il n'est pas davantage certain que l'engagement d'Angela Merkel fasse l'unanimité. En souhaitant une relation exclusive avec le président sortant, elle donne l'impression de forcer le choix des électeurs et d'empêcher une renégociation, du reste très incertaine, du futur traité européen. Nicolas Sarkozy doit d'autant plus y prendre garde que l'Allemagne n'est pas qu'un modèle. On peut y puiser de bonnes inspirations sur le dialogue social, l'apprentissage ou le financement de l'industrie. Mais son faible taux de natalité exige des politiques différentes des nôtres. Surtout, ses résultats économiques ne sauraient masquer la baisse des salaires, le durcissement des lois sociales, l'explosion des travailleurs pauvres ou la sous-traitance dans des pays voisins à bas coûts que la France n'a pas à ses frontières. Si le message est qu'il faut devenir allemand pour s'en sortir, que l'Europe sera « merkozyste » ou ne sera pas, la droite risque d'agacer. Car il est probable que beaucoup de Français voteront plus selon l'idée qu'ils se font de leur propre intérêt que des contours d'une Union qui ne les fait pas rêver.

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