INTERVIEW DE LA SEMAINE - Jean Leonetti, ministre chargé des Affaires européennes, revient, pour leJDD.fr, sur l'actualité politique du moment, entre négociations européennes et échéances électorales. Au nom du Parti radical, dont il est le vice-président, il souhaite "renégocier un contrat d'indépendance et de solidarité avec l'UMP", demandant, entre autres, "la double investiture" des radicaux en vue des législatives. Quant à l'adversaire socialiste, Jean Leonetti décrit un François Hollande "qui a toujours un coup de retard", qui se contente d'un "catalogue" quand Nicolas Sarkozy, lui, a "la vision".
Le Parti radical a été bousculé par une série de situations particulières : la candidature de Jean-Louis Borloo, notre retrait de l'UMP ou encore notre participation à l'Alliance républicaine écologiste et sociale. Je veux désormais de la réconciliation et de l'unité : nous avons aujourd'hui le besoin de nous retrouver ensemble. Mais je souhaite également de la clarification.
Nous avons divergé sur les stratégies, jamais sur les objectifs. Au sein de l'UMP, nous avons toujours été fidèles et sommes aujourd'hui loyaux envers le président de la République. Il n'y a pas de candidat radical dans cette campagne. A un moment donné, qui ne doit pas trop tarder, nous devons dire qui nous soutenons. Ma position est connue de tous, celle de Jean-Louis Borloo n'est pas un mystère.
Nous arrivons en fin de mandat. Il est donc légitime de renégocier un contrat d'indépendance et de solidarité avec l'UMP. Avec sans doute plus de liberté et de poids. Mais notre allié, c'est bien l'UMP. Pour les législatives, la double investiture de nos candidats scellerait cette alliance.
Quelles valeurs défendrez-vous dans ce contrat?
J'anime la droite humaniste bien au-delà du Parti radical. Il y a des choses fortes que doit intégrer le projet de l'UMP. Il faut y ajouter de l'humain. Par exemple, la dépendance, un grand projet dans lequel on a fait une pause due à une grande crise. Cette pause ne doit pas être prolongée. Sur ce point, il est possible d'aligner la Contribution sociale généralisée (CSG) des retraités sur celle des salariés. Mon ennemi à moi, ce n'est pas la finance, mais l'injustice sociale. La réforme de la fiscalité est un autre exemple : il faut que personne ne puisse échapper à l'impôt, surtout quand ses revenus sont importants.
Certes on n'est jamais pleinement satisfaits, mais de nombreuses idées ont été reprises. Par exemple, la fusion entre revenu de solidarité active (RSA) et prime pour l'emploi - ce qui traduit la sortie de la logique de l'assistanat vers celle de la reprise d'activité -, des mesures en matière de décentralisation ou encore la scolarisation plus rapide des enfants.
Aujourd'hui, nous avons un Président qui agit. Compte tenu de la crise, les Français lui reprocheraient de ne pas le faire. A un moment donné, il deviendra candidat et donnera sa vision de l'avenir. J'ai entendu, à plusieurs reprises, le Président parler de "monde nouveau". Pour moi, il est le seul à avoir bien analysé que la crise est un espace entre un monde qui finit et un monde qui se construit. Il y a le catalogue Hollande et la vision Sarkozy.
Nous venons de nous accorder sur un traité européen majeur. Début mars, il y aura une signature sur ce texte. Les chefs d'Etat et de gouvernement engageront alors leur pays vers une plus forte intégration. Nicolas Sarkozy doit présider jusqu'à cette date. Comment peut-on imaginer de mettre en pause ce processus européen au prétexte de notre campagne présidentielle?
Imaginez qu'il y ait une élection en Allemagne et que le principal candidat d'opposition déclare qu'il déchirera le traité franco-allemand qui vient d'être entériné! La France soutiendrait la chancelière.
Il a deux qualités essentielles à mes yeux : beaucoup de sang-froid, indispensable sur la durée, et de la réactivité, essentielle dans un monde en crise. Il a de plus une parfaite lucidité sur la situation du pays. Les Français choisiront en connaissance de cause.
Quand il sera réélu, il choisira l'équipe et ce sera à lui seul de décider. Je resterai engagé dans l'action politique. Mais j'ai exercé d'autres fonctions - vice-président du groupe UMP à l'Assemblée nationale entre autres - et il me semble que j'ai porté quelques lois qui traduisent également une action politique forte.
alambiquées de
Pierre Moscovici»
En politique, il faut être là où ça se passe. Et en ce moment, c'est ici, au ministère des Affaires européennes, que ça se passe. Ce poste correspond à des convictions anciennes, profondes. Je crois que les doutes concernant mon action ont été rapidement levés.
Il ne règle pas tous les problèmes, mais il franchit une étape décisive dans la construction européenne. Celle-ci s'appuie sur la discipline budgétaire - la règle d'or -, un mécanisme européen de stabilité - le véritable Fonds monétaire européen - et puis surtout des engagements à hauteur de 82 milliards d'euros sur la croissance et l'emploi en direction de deux priorités : l’emploi des jeunes et les petites et moyennes entreprises.
Il y a eu une traduction abusive de ce qu'a dit Michael Link. Je l'ai rencontré une première fois à Berlin et il ne pouvait pas y avoir d'ambigüité puisqu'il a affirmé que le traité n'était pas renégociable. Nous n'avons pas besoin de le changer. Des dispositions relatives à la croissance et la convergence existent dans le Traité. Des mesures complémentaires ont déjà été prises par le biais de la déclaration du Conseil européen informel du 31 janvier. Oui, ces mesures vont être affinées et Michael Link a dit que ça se fera en mars, mais ça ne veut pas dire que l'on va renégocier le traité! La signature de la France n'a pas été remise en cause. Il y a eu un dirigeant européen qui a remis en cause un traité, c'était Georges Papandréou. François Hollande, c'est le Papandréou français. Et on sait comment il a fini.
Regardez toutes les formules alambiquées de Pierre Moscovici, qui dit "oui on renégocie, mais on complète…" Or il y a déjà des mesures excessivement concrètes sur la croissance et l'emploi au niveau européen. François Hollande a toujours un coup de retard. Une fois de plus, la proposition est floue, alors qu'elle apparait comme courageuse. Un traité, ça ne se renégocie pas. Quand on met d'accord 25 pays sur 27 et que l'on est sur l'étape décisive, on ne renégocie pas. Michael Link a bien dit que l'on affinait les mesures "jusqu'au mois de mars". En mars, François Hollande ne sera pas président.
n'est pas la Grèce»
Les Européens lui feront la même réponse qu'à Papandréou : ce n'est pas le traité qu'il faut renégocier, c'est votre présence au sein de la zone euro. Sauf que la France, et ce n'est pas péjoratif pour eux, ce n'est pas la Grèce.
Parce que ça fait combien de temps que le Président parle de la règle d'or? Il n'a pas dit que cela devait être inscrit dans la Constitution? D'ailleurs, la règle d'or est plutôt une idée française. Maintenant, l'Europe propose qu'il n'y ait pas que l'Allemagne, l'Espagne et la France qui le fasse. Dans toute l'Union, il n'y a qu'un parti politique qui est contre la règle d'or, c'est le Parti socialiste français.
On a vu ce que ça donne avec le pacte de stabilité et de croissance. La France et l'Allemagne sont sorties des critères à un moment donné. Vous voulez que l'on recommence? Avec en plus un programme socialiste qui ne fait aucun effort budgétaire et qui n'envisage que des impôts et des dépenses. Je comprends que François Hollande veuille que cela reste flou! Sauf que ce n'est pas l'Europe qui impose la règle d'or, c'est notre dette. Je cite toujours Rousseau : "L'obéissance à la loi que l'on s'est prescrite, c'est la liberté."
Chacun prendra ses responsabilités. Le traité sera signé et ratifié. Il y a beaucoup de changements de majorité en Europe et aucun pays n'a jamais mis en cause les accords précédents. Pas même en France. Ça n'existe pas. François Hollande leurre les Français.
Si j'étais élu Président ... avec Jean Leonetti par lejdd
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