Pour les deux éditorialistes politiques, Marine Le Pen doit être traitée comme les autres candidats
Alain Duhamel : Par le travail ! Il est venu chez moi avec son adjoint, Louis Blériot, me proposer une émission...
Jean-Pierre Elkabbach : Cartes sur tables. Depuis, nous sommes amis.
Qu'est-ce qui vous attire l'un vers l'autre ?
A.D. : Nos différences. Notre amitié de trente-cinq ans ne nous empêche pas de nous chamailler...
J.-P.E. : Nous sommes complémentaires. Il connaît mes défauts et ne manque pas de me les rappeler...
A.D. : Et lui regrette que je n'en aie pas !
Seriez-vous prêt à reprendre Cartes sur table ?
A.D. : Ce serait ridicule... La pire des choses serait de se pasticher.
J.-P.E. : En revanche, si nous participions aujourd'hui à des émissions, nous apporterions notre expérience...
A.D. : Très peu...
J.-P.E. : Et notre très relative culture.
Votre neuvième campagne présidentielle vous procure-t-elle toujours autant de passion ?
A.D. : Comment ça, neuf ? Il n'a pas fait celle de 1965 alors que, moi, j'ai eu ma première polémique à la suite de deux papiers parus dans Le Monde expliquant que l'électorat ouvrier avait quitté le général de Gaulle...
J.-P.E. : La différence, c'est qu'il était à Paris pour commenter et moi à Pékin ! Quelques mois après la reconnaissance de la Chine par la France.
A.D. : Ça prouve qu'il n'avait pas le sens de l'actualité... Monsieur va à Pékin pendant l'élection.
Comment trouvez-vous cette campagne ?
A.D. : Pour l'instant, elle n'a pas de fond. La forme n'est ni pire ni meilleure que d'habitude. On attend les projets.
Marine Le Pen est-elle une candidate comme les autres ?
A.D. : C'est une candidate qui a le droit de se présenter. Je pense qu'elle aura ses 500 signatures... C'est normal. Je souhaite qu'elle les ait, mais je suis content de ne pas avoir à lui donner la mienne.
Que pensez-vous de ceux qui refusent de la recevoir ?
J.-P.E. : Ils font une erreur professionnelle et déontologique. Le Front national n'est pas un parti interdit en France : il est de notre devoir d'interroger Marine Le Pen en mettant en avant ses contradictions, ses erreurs...
A.D. : En revanche, ceux qui l'interrogent le font exclusivement sur la sécurité, l'immigration, etc., alors que c'est sur l'économie et le social qu'il faut le faire.
Alain Duhamel écrit que « pour être candidat, il faut un grain de folie ». Êtes-vous d'accord ?
J.-P.E. : Un grain de folie attrapé tout petit !
Les people qui s'engagent l'ont-ils ?
J.-P.E. : Ça fait surtout un coup de pub ! Après, un flop et puis s'en vont. Quant à ceux qui tournent autour de 0,5% ou de 1,5% - les Christine Boutin, Dupont-Aignan, Corinne Lepage, Hervé Morin -, à qui on doit donner la parole, s'ils ont un grain de folie, c'est de penser qu'ils ont une chance.
A.D. : Quand il s'agit de contribuer à soulever un problème ou à aider un projet, je trouve bien qu'ils mettent leur célébrité au service d'une bonne cause. Il n'est pas question de les élire et encore moins de les mettre au Gouvernement.
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