Athènes débute ce mercredi les négociations avec les partenaires sociaux pour discuter du coût du travail. Les créanciers internationaux réclament une baisse du SMIC grec pour restaurer la compétitivité du pays.
La pression est forte: les émissaires de la Troïka (Fonds monétaire international, banque centrale européenne et Union européenne) ont atterri hier dans la capitale grecque. Ils réclament, en échange de leur aide financière, des baisses de salaires dans le privé afin de restaurer la compétitivité en berne du pays et relancer à terme la croissance du pays. En particulier, le FMI notait dans son dernier rapport d'étape, en décembre, que «le niveau du salaire minimum devrait être revu».
Flexibilité
Le raisonnement des institutions internationales est simple: le marché du travail n'est pas suffisamment flexible en Grèce. L'ajustement s'est fait non pas par des baisses de salaires, mais via des suppressions d'emplois, provoquant une hausse du chômage. La Grèce a enregistré un chômage de 18,8% en septembre 2011, en hausse de plus de 4 points en un an. Autre forme d'adaptation à un marché du travail bouché, les jeunes élites vont tenter leur chance à l'étranger, privant le pays de précieuses compétences.«S'il n'y a pas de flexibilité sur les prix et les salaires, le chômage va continuer à gonfler et la croissance va sombrer encore plus profondément, explique Claude Giorno, économiste à l'OCDE. La Grèce aura de plus en plus de mal à renforcer ses exportations, ce qui est nécessaire pour sortir de la crise et retrouver des finances publiques soutenables. Elle doit donc changer de modèle: se transformer en une économie tirée par les exportations et les investissements.»
Soigner les excès passés
Cette politique ne promet aux Grecs que des efforts à moyen terme. Il s'agit pour le pays de soigner ses excès passés, argumente Laurent Moulin, économiste à la banque Lombard Odier IM: «Au cours des années 2000, les coûts salariaux unitaires (coût salarial par unité de production) en Grèce ont progressé de 35%, contre 19% en moyenne dans la zone euro et seulement 4% en Allemagne.» Dans les pays baltes, l'ajustement a nécessité une baisse des salaires comprise entre 15% et 20%.Pour l'instant, les syndicats grecs excluent toute négociation sur les salaires eux-mêmes. Ils prônent plutôt une diminution des charges patronales, qui excèdent 45% du salaire. Les finances publiques grecques déjà exsangues s'en trouveraient davantage plombées. «Pour l'instant, les Grecs ne voient que les effets négatifs des réformes. Ils ne voient pas les effets positifs (créer une entreprise plus rapidement, etc.)», reconnaît Claude Giorno.
La Grèce a déjà mené des réformes sur les salaires depuis le début de la crise. Avec la limitation par exemple de la portée des négociations collectives, les rémunérations de plus de 3000 salariés ont baissé de 10%. Le Fonds monétaire international et les partenaires européens de la Grèce demandent plus. Et ils sont pressés: plus longtemps la Grèce prendra pour restaurer sa compétitivité, plus longtemps ils devront la soutenir financièrement à bout de bras.
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