Le dilemme a été poussé à l’extrême sous le nom de paradoxe de l’âne de Buridan : l’équidé n’arrive pas à décider si il doit d’abord manger son avoine ou boire son eau, et il finit par mourir de faim et de soif. Si l’âne était un homme, écrivait Spinoza en citant ce paradoxe, “il n’agirait point en vertu de la liberté et de sa volonté”. S’il était un pays, pourrait-on ajouter, il serait la Grèce, qui doit choisir entre la rigueur et la réforme de son Etat, sous la contrainte de la troïka FMI-UE-BCE et contre la volonté de son peuple et de certains intérêts particuliers. Car que veut dire l’ultimatum posé par les ministres des Finances de la zone euro, le 9 février ? Le gouvernement grec doit trouver 325 millions d’économies supplémentaires avant mercredi 15 février s’il veut recevoir le prêt de 130 milliards d’euros approuvés par les dirigeants européens en octobre dernier. Comme l’écrivait le Volkskrant cette semaine, la sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus taboue, parce que les Européens s’impatientent face à la lenteur des réformes exigées. Après deux ans de crise, le sytème fiscal grec est toujours aussi inefficace, et beaucoup des promesses faites à la troïka ne sont pas tenues. L’âne d’Athènes semble donc ne pas avoir choisi de commencer par l’avoine des réformes. Et s’il a commencé à boire la potion de la rigueur, il rechigne à vider le seau que lui tendent la troïka et ses créanciers. Pour des raisons politiciennes, certes, car les partis qui soutiennent mollement le Premier ministre Lucas Papadémos gardent un oeil sur les prochaines élections. Mais surtout parce que le peuple grec, appauvri par deux ans de baisses de salaires et d’augmentation des prix, ne peut plus assumer seul le poids de cette rigueur. Pour sauver la Grèce, les ministres de l‘Eurogroupe ont donc décidé de l’obliger à encore plus de rigueur. Ils devraient pourtant la pousser à appliquer les réformes déjà demandées, comme celle de la collecte des impôts. Ils devraient surtour exiger qu’Athènes mette fin à des abberations comme l’exemption d’impôt de l’Eglise grecque ou le maintien d’un budget de la Défense proportionnellement plus élevé qu’ailleurs en Europe. Si l’âne finissait par mourir, c’est à dire si la Grèce faisait faillite et sortait de la zone euro, il serait en partie responsable de son sort. Mais il aurait aussi été poussé à un choix impossible parce qu’erroné.
dimanche 12 février 2012
L’âne d’Athènes
Le dilemme a été poussé à l’extrême sous le nom de paradoxe de l’âne de Buridan : l’équidé n’arrive pas à décider si il doit d’abord manger son avoine ou boire son eau, et il finit par mourir de faim et de soif. Si l’âne était un homme, écrivait Spinoza en citant ce paradoxe, “il n’agirait point en vertu de la liberté et de sa volonté”. S’il était un pays, pourrait-on ajouter, il serait la Grèce, qui doit choisir entre la rigueur et la réforme de son Etat, sous la contrainte de la troïka FMI-UE-BCE et contre la volonté de son peuple et de certains intérêts particuliers. Car que veut dire l’ultimatum posé par les ministres des Finances de la zone euro, le 9 février ? Le gouvernement grec doit trouver 325 millions d’économies supplémentaires avant mercredi 15 février s’il veut recevoir le prêt de 130 milliards d’euros approuvés par les dirigeants européens en octobre dernier. Comme l’écrivait le Volkskrant cette semaine, la sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus taboue, parce que les Européens s’impatientent face à la lenteur des réformes exigées. Après deux ans de crise, le sytème fiscal grec est toujours aussi inefficace, et beaucoup des promesses faites à la troïka ne sont pas tenues. L’âne d’Athènes semble donc ne pas avoir choisi de commencer par l’avoine des réformes. Et s’il a commencé à boire la potion de la rigueur, il rechigne à vider le seau que lui tendent la troïka et ses créanciers. Pour des raisons politiciennes, certes, car les partis qui soutiennent mollement le Premier ministre Lucas Papadémos gardent un oeil sur les prochaines élections. Mais surtout parce que le peuple grec, appauvri par deux ans de baisses de salaires et d’augmentation des prix, ne peut plus assumer seul le poids de cette rigueur. Pour sauver la Grèce, les ministres de l‘Eurogroupe ont donc décidé de l’obliger à encore plus de rigueur. Ils devraient pourtant la pousser à appliquer les réformes déjà demandées, comme celle de la collecte des impôts. Ils devraient surtour exiger qu’Athènes mette fin à des abberations comme l’exemption d’impôt de l’Eglise grecque ou le maintien d’un budget de la Défense proportionnellement plus élevé qu’ailleurs en Europe. Si l’âne finissait par mourir, c’est à dire si la Grèce faisait faillite et sortait de la zone euro, il serait en partie responsable de son sort. Mais il aurait aussi été poussé à un choix impossible parce qu’erroné.
Le dilemme a été poussé à l’extrême sous le nom de paradoxe de l’âne de Buridan : l’équidé n’arrive pas à décider si il doit d’abord manger son avoine ou boire son eau, et il finit par mourir de faim et de soif. Si l’âne était un homme, écrivait Spinoza en citant ce paradoxe, “il n’agirait point en vertu de la liberté et de sa volonté”. S’il était un pays, pourrait-on ajouter, il serait la Grèce, qui doit choisir entre la rigueur et la réforme de son Etat, sous la contrainte de la troïka FMI-UE-BCE et contre la volonté de son peuple et de certains intérêts particuliers. Car que veut dire l’ultimatum posé par les ministres des Finances de la zone euro, le 9 février ? Le gouvernement grec doit trouver 325 millions d’économies supplémentaires avant mercredi 15 février s’il veut recevoir le prêt de 130 milliards d’euros approuvés par les dirigeants européens en octobre dernier. Comme l’écrivait le Volkskrant cette semaine, la sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus taboue, parce que les Européens s’impatientent face à la lenteur des réformes exigées. Après deux ans de crise, le sytème fiscal grec est toujours aussi inefficace, et beaucoup des promesses faites à la troïka ne sont pas tenues. L’âne d’Athènes semble donc ne pas avoir choisi de commencer par l’avoine des réformes. Et s’il a commencé à boire la potion de la rigueur, il rechigne à vider le seau que lui tendent la troïka et ses créanciers. Pour des raisons politiciennes, certes, car les partis qui soutiennent mollement le Premier ministre Lucas Papadémos gardent un oeil sur les prochaines élections. Mais surtout parce que le peuple grec, appauvri par deux ans de baisses de salaires et d’augmentation des prix, ne peut plus assumer seul le poids de cette rigueur. Pour sauver la Grèce, les ministres de l‘Eurogroupe ont donc décidé de l’obliger à encore plus de rigueur. Ils devraient pourtant la pousser à appliquer les réformes déjà demandées, comme celle de la collecte des impôts. Ils devraient surtour exiger qu’Athènes mette fin à des abberations comme l’exemption d’impôt de l’Eglise grecque ou le maintien d’un budget de la Défense proportionnellement plus élevé qu’ailleurs en Europe. Si l’âne finissait par mourir, c’est à dire si la Grèce faisait faillite et sortait de la zone euro, il serait en partie responsable de son sort. Mais il aurait aussi été poussé à un choix impossible parce qu’erroné.
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