Il le disait en 2007 : « Si le chômage n'est pas tombé à 5 % en 2012, eh bien ce sera un échec ! » Le chômage, cinq ans plus tard, est à 10 %. C'est donc un échec pour Nicolas Sarkozy. Lui répondra que la crise est passée par là. Il trouvera des arguments quand François Hollande le renverra à ces propos. C'est le jeu. L'action politique est plus compliquée que le commentaire. Les professeurs d'économie prodiguent parfois d'excellents conseils. Mais c'est une chose que de poser un diagnostic et de proposer des remèdes, et une autre que d'appliquer la thérapie. Surtout quand elle promet d'être douloureuse. Or elle le sera. Les candidats veulent être élus, ils évitent donc le discours churchillien - « Du sang et des larmes. » Ils ont aussi compris qu'ils ne pouvaient pas annoncer le retour du plein emploi, de la croissance et du pouvoir d'achat pour 2014, parce que personne ne les croirait. Ils sont donc dans une situation d'entre-deux, où il faut donner de l'espoir pour mobiliser, sans vendre trop d'illusions. Réduire les dépenses publiques sans toucher au nombre de fonctionnaires diminuer la pression des prélèvements obligatoires sans renoncer à la solidarité nationale augmenter les impôts sans faire baisser la consommation relancer la compétitivité de nos entreprises sans s'attaquer aux salaires... Dans cette campagne, les deux principaux candidats marchent sur des oeufs. Pour ne pas les casser, chacun a sa méthode. François Hollande se fait le plus léger possible. Il suggère l'effort nécessaire plus qu'il ne le proclame il susurre que tout ne sera pas possible, mais quand même un peu il montre qu'il a vu le gouffre de la dette puisqu'il propose plus d'impôts pour le combler mais il ne veut pas décourager son électorat naturel et promet la poursuite de la dépense publique dans des domaines sensibles. Nicolas Sarkozy veut éviter la casse en empruntant un autre chemin, celui des valeurs. C'est un raccourci qui évite la longue, escarpée et sinueuse route de l'explication économique. Dans cette voie de traverse, on se passe de ces lourdes démonstrations propices à la contradiction pour préférer la réactivation des réflexes primaires. Ces « valeurs » qu'on agite en campagne électorale sont souvent l'autre nom de ces idées toutes faites qui rassemblent et qui tiennent chaud. L'action politique est donc très compliquée en temps de crise aiguë. C'est entendu. On n'exigera pas du prochain président qu'il fasse des miracles. Mais peut-on espérer que les candidats nous proposent, plutôt qu'un catalogue de promesses ou qu'un catéchisme idéologique, une stratégie politique et économique pour cinq ans, exprimée clairement, et que le vainqueur appliquerait avec un peu de constance ? Ces « valeurs » qu'on agite en campagne électorale sont souvent l'autre nom de ces idées toutes faites qui rassemblent et qui tiennent chaud.
dimanche 12 février 2012
Une stratégie plutôt que des valeurs
Il le disait en 2007 : « Si le chômage n'est pas tombé à 5 % en 2012, eh bien ce sera un échec ! » Le chômage, cinq ans plus tard, est à 10 %. C'est donc un échec pour Nicolas Sarkozy. Lui répondra que la crise est passée par là. Il trouvera des arguments quand François Hollande le renverra à ces propos. C'est le jeu. L'action politique est plus compliquée que le commentaire. Les professeurs d'économie prodiguent parfois d'excellents conseils. Mais c'est une chose que de poser un diagnostic et de proposer des remèdes, et une autre que d'appliquer la thérapie. Surtout quand elle promet d'être douloureuse. Or elle le sera. Les candidats veulent être élus, ils évitent donc le discours churchillien - « Du sang et des larmes. » Ils ont aussi compris qu'ils ne pouvaient pas annoncer le retour du plein emploi, de la croissance et du pouvoir d'achat pour 2014, parce que personne ne les croirait. Ils sont donc dans une situation d'entre-deux, où il faut donner de l'espoir pour mobiliser, sans vendre trop d'illusions. Réduire les dépenses publiques sans toucher au nombre de fonctionnaires diminuer la pression des prélèvements obligatoires sans renoncer à la solidarité nationale augmenter les impôts sans faire baisser la consommation relancer la compétitivité de nos entreprises sans s'attaquer aux salaires... Dans cette campagne, les deux principaux candidats marchent sur des oeufs. Pour ne pas les casser, chacun a sa méthode. François Hollande se fait le plus léger possible. Il suggère l'effort nécessaire plus qu'il ne le proclame il susurre que tout ne sera pas possible, mais quand même un peu il montre qu'il a vu le gouffre de la dette puisqu'il propose plus d'impôts pour le combler mais il ne veut pas décourager son électorat naturel et promet la poursuite de la dépense publique dans des domaines sensibles. Nicolas Sarkozy veut éviter la casse en empruntant un autre chemin, celui des valeurs. C'est un raccourci qui évite la longue, escarpée et sinueuse route de l'explication économique. Dans cette voie de traverse, on se passe de ces lourdes démonstrations propices à la contradiction pour préférer la réactivation des réflexes primaires. Ces « valeurs » qu'on agite en campagne électorale sont souvent l'autre nom de ces idées toutes faites qui rassemblent et qui tiennent chaud. L'action politique est donc très compliquée en temps de crise aiguë. C'est entendu. On n'exigera pas du prochain président qu'il fasse des miracles. Mais peut-on espérer que les candidats nous proposent, plutôt qu'un catalogue de promesses ou qu'un catéchisme idéologique, une stratégie politique et économique pour cinq ans, exprimée clairement, et que le vainqueur appliquerait avec un peu de constance ? Ces « valeurs » qu'on agite en campagne électorale sont souvent l'autre nom de ces idées toutes faites qui rassemblent et qui tiennent chaud.
Il le disait en 2007 : « Si le chômage n'est pas tombé à 5 % en 2012, eh bien ce sera un échec ! » Le chômage, cinq ans plus tard, est à 10 %. C'est donc un échec pour Nicolas Sarkozy. Lui répondra que la crise est passée par là. Il trouvera des arguments quand François Hollande le renverra à ces propos. C'est le jeu. L'action politique est plus compliquée que le commentaire. Les professeurs d'économie prodiguent parfois d'excellents conseils. Mais c'est une chose que de poser un diagnostic et de proposer des remèdes, et une autre que d'appliquer la thérapie. Surtout quand elle promet d'être douloureuse. Or elle le sera. Les candidats veulent être élus, ils évitent donc le discours churchillien - « Du sang et des larmes. » Ils ont aussi compris qu'ils ne pouvaient pas annoncer le retour du plein emploi, de la croissance et du pouvoir d'achat pour 2014, parce que personne ne les croirait. Ils sont donc dans une situation d'entre-deux, où il faut donner de l'espoir pour mobiliser, sans vendre trop d'illusions. Réduire les dépenses publiques sans toucher au nombre de fonctionnaires diminuer la pression des prélèvements obligatoires sans renoncer à la solidarité nationale augmenter les impôts sans faire baisser la consommation relancer la compétitivité de nos entreprises sans s'attaquer aux salaires... Dans cette campagne, les deux principaux candidats marchent sur des oeufs. Pour ne pas les casser, chacun a sa méthode. François Hollande se fait le plus léger possible. Il suggère l'effort nécessaire plus qu'il ne le proclame il susurre que tout ne sera pas possible, mais quand même un peu il montre qu'il a vu le gouffre de la dette puisqu'il propose plus d'impôts pour le combler mais il ne veut pas décourager son électorat naturel et promet la poursuite de la dépense publique dans des domaines sensibles. Nicolas Sarkozy veut éviter la casse en empruntant un autre chemin, celui des valeurs. C'est un raccourci qui évite la longue, escarpée et sinueuse route de l'explication économique. Dans cette voie de traverse, on se passe de ces lourdes démonstrations propices à la contradiction pour préférer la réactivation des réflexes primaires. Ces « valeurs » qu'on agite en campagne électorale sont souvent l'autre nom de ces idées toutes faites qui rassemblent et qui tiennent chaud. L'action politique est donc très compliquée en temps de crise aiguë. C'est entendu. On n'exigera pas du prochain président qu'il fasse des miracles. Mais peut-on espérer que les candidats nous proposent, plutôt qu'un catalogue de promesses ou qu'un catéchisme idéologique, une stratégie politique et économique pour cinq ans, exprimée clairement, et que le vainqueur appliquerait avec un peu de constance ? Ces « valeurs » qu'on agite en campagne électorale sont souvent l'autre nom de ces idées toutes faites qui rassemblent et qui tiennent chaud.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire