Peut-être était-ce un ultime remords... Ce n’est qu’au crépuscule du 31 janvier que le président de la République a enfin trouvé le temps de souhaiter ses vœux à la presse. Une vieille tradition oubliée depuis l’entrée de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, à l’exception d’une conférence de presse restée fameuse pour le sérieux qu’elle conféra à la liaison du chef de l’État avec Carla Bruni. Était-ce la conscience que ce rendez-vous enfin honoré avec les journalistes étaient peut- être le dernier de ce genre si, en mai, le suffrage universel décidait de changer le locataire du palais ? L’hôte des lieux affichant la mauvaise mine des nuits trop courtes de Bruxelles avait la pâleur romanesque des adieux.
Étrange séparation, en vérité, que le président a choisi de placer sous le signe de la métaphore d’un couple un peu usé qui s’interroge sur son devenir en regardant ailleurs. L’allusion aux infidélités de la presse tentée de convoler avec le principal rival de M. Sarkozy n’a pas eu la légèreté d’un conte enchanté. Plutôt le réalisme d’un homme délaissé. Elle a surtout révélé l’amertume apparemment désabusée d’un président qui s’estime injustement critiqué par les journaux.
Hésitant entre le sarcasme, travesti en confession, et l’empathie, habillée en compassion, le chef de l’État a laissé percer les lourds tourments intérieurs qui minent ses relations avec les médias. Ainsi, l’ironie sensible a enveloppé des reproches brut de décoffrage, eux, contre des plumes et des voix libres au point de s’affranchir des règles de l’équité, et de se dispenser de celles de l’impartialité. Merveilleuse démocratie...
M. Sarkozy a, gentiment, et parfois drôlement, réglé ses comptes sans choisir vraiment entre les sentiments contradictoires qui l’étreignent. Il a tant aimé la presse qu’il pourrait avoir de l’encre sur les doigts. Mais la passion négative qu’elle lui a renvoyée en retour l’a déçu. Forcément. Rarement un président aura été autant contesté dans les journaux. Une critique de bout en bout avec des critiques souvent justes... mais parfois unilatérales c’est vrai, auxquelles le président a répondu sans vraiment tracer un horizon clair pour les années à venir.
Ce fut un peu mélancolique de se dire que ce numéro alignant les sincérités successives et contradictoires était peut-être le dernier. Si le candidat virtuel, sortant, venait à être éliminé les 22 avril ou 6 mai prochains, il serait peut-être bien vite regretté. Quel acteur, tout de même!
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