lundi 6 février 2012
Argent du foot : la dérive jusqu'où ?
Le « marché d'hiver » vient de prendre fin sur les étals du football. Pour attirer Beckham au PSG, l'émirat du Qatar était prêt à aligner 800 000 € par... mois. Non, il n'y a pas d'erreur de zéro, c'est bien cela : huit cent mille euros ! L'esprit chavire et l'on doit se pincer en se demandant si l'on n'est pas dans un mauvais rêve. L'opération n'a pas abouti, c'est vrai, du moins... pour l'instant et en France.
À l'étranger, on apprend dans le même temps qu'Anelka va rejoindre la Chine pour un salaire, cette fois hebdomadaire, de 230 000 €. On approche donc du million par mois, d'ailleurs dépassé, toujours à l'étranger, par Eto'o (20 millions annuels), Rooney (13,2 millions) ou Ronaldo (13 millions). Le mieux pourvu en France, Pastore, culmine à 5,3 millions... Une misère ! Sans compter les régimes fiscaux et sociaux très favorables, les contrats commerciaux qui se chiffrent en millions d'euros.
Tout cet or et ces paillettes confirment le constat dressé, il y a dix ans, par le Conseil économique et social : « L'aventure sportive du champion, naguère symbole vivant du romantisme de la compétition, s'efface devant le marché. La glorieuse incertitude du sport cède à la recherche de la rentabilité du spectacle sportif. » Bref, le tiroir-caisse est devenu le coeur vivant d'un monde de fric et de toc. Ah, les belles femmes et les belles décapotables... L'image d'un bonheur de pacotille, là où prévalait, il n'y a pas si longtemps, celle de l'effort modeste au service de l'équipe.
Étonnez-vous de voir proliférer les caprices de ces enfants gâtés que sont devenus les footballeurs et combien d'autres ! La compétition entre eux devient souvent plus vive que sur le terrain avec l'équipe adverse. Chacun n'a de cesse de se placer sous l'oeil des caméras de télévision pour faire monter sa cote. Où êtes-vous Fontaine et Kopa... Mimoun et Jazy...vous les héros du stade et de la piste d'autrefois ?
Par-delà les raisons nombreuses qui expliquent cette immense et scandaleuse dérive, par-delà l'indulgence de bien des supporteurs qui gagnent à peine en une vie ce que leurs idoles perçoivent en un mois, la question est de savoir si l'on peut tolérer cela dans une démocratie fondée sur la justice autant que sur la liberté. Il faudrait comprendre pourquoi les 29 millions d'euros de « retraite chapeau » obtenus par l'ex-PDG de Carrefour, ou les 13 millions empochés à son départ par l'ancien patron du groupe Vinci, pourquoi ces pratiques ont justement fait hurler tandis que, s'agissant des sportifs, on se montre plus compréhensifs : « Ils nous font tant rêver ! » ?
Dans les deux cas, on a affaire à de l'injustifiable, à ce qui ne peut se justifier ni au regard de la raison ni à l'aune de la justice. Il est déjà difficile d'admettre des écarts de salaire, pourtant tenus pour raisonnables, de l'ordre de 1 à 20 et jusqu'à 40... Mais un rapport, comme dans le cas présent, de 1 à 400, voire 500, qui de sensé peut l'admettre, même au nom de la brièveté des carrières sportives ?
On comprend l'indignation d'un député UMP et du leader du groupe socialiste à l'Assemblée, qui suggèrent d'imposer sans retard à ce Mercato, comme ailleurs, un salaire maximum. Ce serait bien le minimum ! Ce qui suppose, pour d'évidentes raisons, une décision internationale au sein de la Fifa. Cela n'est pas acquis !
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