Où est-il passé ? Où est passé le Nicolas Sarkozy si brillant à la télévision qu’il pouvait en une seule émission renverser le cours d’une partie mal engagée contre une opinion sceptique, des sondages décourageants, des vents de face… Il nous avait conviés hier soir, sur huit chaînes à la même heure, à ce combat solitaire avec un destin contrariant. Il lui fallait absolument gagner. Montrer qu’envers et contre tout la magie pouvait encore opérer. Adversaires ou partisans, chacun attendait de voir l’artiste capable de marquer, enfin, pour libérer son camp. Certains le rêvaient exceptionnel… Il a été à peine honorable.
Le président de la République a réalisé un terne match nul quand il lui fallait l’emporter par trois buts d’écart pour espérer refaire une partie de son retard. Un jeu sans surprise après les révélations des journaux du matin sur ses « annonces ». Pas de surprises, pas de dribble inattendu non plus. Plutôt l’expression d’une certaine lassitude devant la figure qu’il s’était lui-même imposée. Le chef de l’État n’a manifestement pris aucun plaisir à égrener laborieusement des mesures déjà largement commentées sur les réseaux sociaux avant qu’il ne les présente. On avait parfois l’impression qu’il s’ennuyait autant que nous…
On peut le comprendre. Il doit être bien pénible de faire la promotion d’un relèvement de la TVA de 1,6 point quand durant un quinquennat entier, ou presque, on a juré qu’on n’augmenterait pas les impôts et les taxes. Il doit être déprimant de se faire l’apôtre d’une sorte de travailler plus pour espérer garder son emploi quand on a cru, sans doute sincèrement, qu’il suffisait de déclamer la formule miracle « travailler plus pour gagner plus » pour que la volonté s’accomplisse. Il doit être lassant de devoir citer l’Allemagne en exemple une bonne dizaine de fois quand la France en fut longtemps l’égale avant d’être largement distancée par sa voisine et amie. De quoi raviver la blessure narcissique d’un président au tempérament dominateur.
En misant tout sur sa force de proposition pour renverser la vapeur, le président engage un dernier pari à hauts risques. Les Français n’ont pas besoin d’être convaincus que les temps à venir seront difficiles : ils le savent. Ils ne cherchent pas tant à être rassurés par des recettes d’expert-comptable – toutes plus laborieuses les unes que les autres, de droite à gauche et de gauche à droite – qu’à choisir celui qui ramera avec eux dans cinq années de tempête. Dans un tel casting l’omniprésent sortant est mécaniquement handicapé par son vécu au pouvoir.
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