TOUT EST DIT

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lundi 30 janvier 2012

Le Président et le candidat


À cause de la crise, le Président presque candidat gouvernera jusqu'au bout. En raison des sondages, le candidat encore Président devrait faire campagne.

L'urgence économique et sociale obligeait Nicolas Sarkozy à dire des vérités, pas toutes réjouissantes. L'urgence politique exigeait qu'il soit salué pour sa sincérité. En proposant des mesures tardives et parfois trop modestes pour être très efficaces, il jouait gros. L'importance de l'enjeu se mesure au nombre de chaînes de télévision mobilisées hier soir !

Le Président candidat va donc faire voter une mini TVA sociale. Son niveau laisse prévoir qu'elle n'aura pas plus d'effet qu'une petite dévaluation sur la compétitivité de nos produits à l'exportation. Elle inquiétera pour autant ceux pour qui la fin du mois commence le quinze.

Cette mesure de faible ampleur ¯ 13 milliards sur les 350 que paient les entreprises ¯ bouleversera d'autant moins l'économie que la main-d'oeuvre n'est qu'une partie du problème. Si, à coût égal, la France produisait plus de valeur ajoutée, la question se poserait autrement. Le vrai handicap réside dans le positionnement de ses produits et dans l'insuffisante force de frappe de ses entreprises pour innover et investir.

Quant au déblocage du marché de l'immobilier, au lancement d'une banque pour l'industrie, au développement de l'apprentissage et à la négociation du temps de travail ¯ mesures parfois empruntées à l'opposition ¯ certains se demandent pourquoi avoir tant attendu. Pourquoi faire du Schroeder ¯ l'ex-chancelier socialiste allemand, devenu le modèle à suivre ¯ huit ans après ?

Ces questions, qui demandent du temps et des remises en cause, relèvent plutôt d'un début de mandat que d'un projet, à 84 jours d'une présidentielle. Tous les députés le disent, eux pour qui tout ce qui déstabilise, à la veille d'une élection, présente un risque.



Le candidat Président est dans une situation tout aussi délicate. La tortue Hollande a pris une longueur d'avance dans les sondages. Le lièvre Sarkozy doit éviter de perdre du temps. Plus le calendrier file, et plus il sera difficile pour lui de réduire le retard dans les intentions de vote. L'expérience montre en effet que les socles électoraux se solidifient en janvier-février. Et pour les troupes de l'UMP, il n'est pas facile de mobiliser en faveur d'un candidat, même évident, qui ne se déclare toujours pas.

Mais il n'est pas facile, après avoir laissé filtrer qu'il présiderait jusqu'au bout, d'accélérer sa candidature sans donner l'impression d'être à la remorque du candidat socialiste. Il n'est pas davantage commode, pour un candidat déclaré, de représenter la France dans des sommets internationaux ¯ le futur traité européen sera signé début mars ¯ sans que le moindre propos soit suspecté d'électoralisme. Pour l'instant, il défend son bilan, redécouvre les syndicats, ironise sur les rêves à bon marché (dont la retraite à 60 ans), et invoque les souffrances des Français pour rester pudique sur sa réélection.

Le calendrier du candidat Sarkozy dépendra de l'impact de l'émission d'hier soir. Mais la montée en puissance de François Hollande, et surtout les menaces de Marine Le Pen et de François Bayrou, ses rivaux pour l'accession au second tour, pourraient l'inciter à presser le pas.

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