vendredi 2 décembre 2011
Une souveraineté...européenne
Pourquoi à Toulon ? Par plaisir d’aller défendre une perte de souveraineté en pays frontiste ? Par superstition, en espérant réitérer l’effet du discours du 25 septembre 2008 qui lui avait permis de frapper l’opinion et de prendre la barre de l’Europe ?
Trois ans après avoir annoncé la fin de la crise, la réforme du capitalisme financier et des agences de notation, la maîtrise de la dette, le président de la République risque de mettre en relief les limites de son volontarisme. Et d’afficher le temps perdu.
Alors, relativisant sa responsabilité en période électorale, il replace nos difficultés dans le temps : trente ans de laxisme, la faute à la gauche avec les 35 h (jamais abrogées) et la retraite à 60 ans, une Europe qui fonctionne mal… Il rappelle qu’aucune banque n’a fermé, note que les salaires et les retraites n’ont pas fondu, souligne que les amortisseurs sociaux rendent la crise moins douloureuse.
Bien. Mais face à l’urgence d’un effondrement de l’euro ? Face à des emprunts et à une dette qui risquent de devenir incontrôlables ? Nicolas Sarkozy met la discipline nationale au service d’une souveraineté… européenne.
Au plan intérieur, le message est assez convenu. Il confirme la rigueur pour amplifier le désendettement : réduire la dépense publique, ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, travailler plus (heures supplémentaires), réformer le financement du modèle social, contrôler l’immigration, réfléchir au coût du travail, inscrire une règle d’or antidéficit dans la Constitution. La diète pour alléger la dette.
Le plus important, mais aussi le plus flou, c’est ce qu’a dit le Président de l’Europe. Qu’il faille un nouveau traité est une évidence. Mais il faudra du temps avant de construire cette Union plus politique - qui ne serait pas une super-administration qui dirait la règle et les sanctions - mais qui s’accompagnerait de davantage de démocratie. Qui lierait solidarité et discipline. Qui combinerait relance industrielle et réciprocité commerciale aux frontières de l’Union. À ce stade, on en reste au niveau des principes, pour après-demain.
Demain matin, à défaut de changer le rôle de la BCE d’un coup de baguette magique, la solution - qui sera précisée lundi - consiste à jouer solidaire et à harmoniser les politiques budgétaires et sociales pour réduire les écarts qui menacent la monnaie unique. Avec cette idée clé : on maîtrise mieux son destin et sa souveraineté à plusieurs que tout seul.
Cette idée, à cinq mois d’une présidentielle, est un risque pour Nicolas Sarkozy. À cause de ses désaccords avec Angela Merkel, mais aussi des différences d’approche au sein de la droite : le Front National, les souverainistes comme Nicolas Dupont-Aignan, ou la « droite populaire » au sein de l’UMP vont y trouver matière à se démarquer du président sortant.
Mais il est aussi un violent activateur de divisions à gauche. Quand on entend Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon ou Arnaud Montebourg, on voit bien que le clivage européen est moins entre droite et gauche qu’entre intégration et souveraineté. L’approche partisane qui caractérise la présidentielle ne facilite pas le consensus pour construire ce qui aurait dû l’être depuis le traité de Maastricht.
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