En théorie, si la note de la France était dégradée, François Hollande aurait un angle d'attaque idéal contre Nicolas Sarkozy. En théorie seulement... Explications.
Les avis sont partagés à droite, comme à gauche. En toute logique, on pourrait croire que la perte du triple A constituerait un excellent argument de campagne pour des socialistes, qui tirent à feu nourri sur le bilan économique de Nicolas Sarkozy.
Elle désarmerait également en partie l'UMP, qui faisait de la supposée irresponsabilité du PS une arme de choix. "Cette campagne va se jouer sur l'absence de promesses. Si les socialistes en font de trop belles, on n'hésitera pas à brandir la menace d'une dégradation de notre note pour les disqualifier", prédisait ainsi un député de la majorité deux semaines avant l'annonce de S&P. Or, si d'ici mars la France n'est plus notée que d'un double A, l'UMP aura bien du mal à coller aux dos des socialistes l'étiquette d'irresponsables.
Ces analyses divergentes expliquent la position inconfortable de François Hollande. Invité de France Inter ce mardi matin, le candidat a dit "ne pas souhaiter une dégradation de la note de la France" tout en soulignant "l'échec de la politique conduite depuis cinq ans" par Nicolas Sarkozy. Avant de se contraindre à la modération: "Je ne veux rien dire qui puisse affaiblir la France au moment où elle affronte des difficultés."
A droite, on est donc tout aussi partagé qu'au PS. Les pessimistes verront dans cette annonce de S&P une nouvelle station dans le chemin de croix de Nicolas Sarkozy. Mais, en réalité, beaucoup savent que le chef de l'Etat excelle dans l'adversité. La perte du AAA pourrait, paradoxalement, le renforcer, surtout si la France n'est pas seule à la subir comme l'a laissé entendre S&P. Son discours de "capitaine dans la tempête" trouve dans la crise une caisse de résonnance. Plus encore si la gauche radicale et extrême continue de critiquer les indécisions de François Hollande.
A l'Elysée, on parie d'ailleurs sur une campagne centrée sur la rigueur pour mettre en avant la stature de Nicolas Sarkozy. "Le rapport des Français à la dette a été bouleversé depuis six mois. Ils savent aujourd'hui qu'il faut prendre des mesures douloureuses. Ils sont prêts à faire des sacrifices. A condition que cette rigueur soit juste, qu'elle touche les profiteurs du haut comme ceux du bas", avance un conseiller du président.
La perte du triple A justifierait alors le discours d'austérité développé par l'exécutif ces derniers mois. Certes, le pari est risqué -le plafond de douleur des Français n'est pas si haut que cela. Mais le chef de l'Etat, et futur candidat, est visiblement prêt à le relever.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire