mercredi 7 décembre 2011
La guerre des trois
La France serait-elle trop « française » dans son combat contre la crise ? C’était à se le demander après avoir écouté François Fillon au 20 heures de France 2. Le Premier ministre en a fait le reproche au Parti socialiste accusé de tenir une position trop hexagonale sous le feu nourri des marchés : rendre la politique de Nicolas Sarkozy responsable de l’endettement spectaculaire de la France, par conséquent comptable de la menace pesant sur le triple A, serait le comble d’une vision très politicienne de la situation. Le raccourci de François Hollande, le matin même, avait été, c’est vrai, pour le moins rapide mais il était dans le rôle, convenu, de principal candidat de l’opposition.
Sous une posture altière, le chef du gouvernement n’en a pas été moins politicien pour autant. Qu’il est difficile à prononcer ce mot de rigueur qui semble lui écorcher la bouche ! Qu’on se le dise : si le troisième A venait à être soufflé au pays, il n’y aurait pas de troisième plan d’austérité pour compenser la perte. Pas de parallélisme des « 3 », nous a-t-on expliqué sans rire. L’exercice était simple mais il n’a pas résolu l’équation qui consiste à trouver une solution à une nouvelle chute de la croissance. Où trouver le paramètre - l’argent manquant - pour que le résultat ne soit pas négatif ?
Le pouvoir et l’opposition sont complices du même déni de réalité. Renonçant jusqu’au bout à parler clairement au pays. A quoi bon pourtant continuer d’envisager la sortie du tunnel (dont le bout est par définition toujours en vue) quand aucun signal optimiste ne clignote encore à l’horizon ? Un réflexe très français, sans doute, qui consiste à se réfugier dans un optimisme romantique et à s’étourdir d’un verbe positif. Le président, lui, sera soulagé si la probable baisse de notation qui frappera la France n’épargne pas non plus l’Allemagne. Cette compagnie lui évitera la « mort » politique qu’il redoutait mais elle ne règle rien ; elle évite juste la blessure d’orgueil dont on a commencé à voir les stigmates germanophobes ces derniers jours.
Entendre les agences de notation morigéner la France avec une incroyable suffisance comme un maître d’école prétentieux le ferait avec une élève en difficulté est une épreuve quotidienne qui fait mal à l’ego souverain. Fera-t-on attention, au début du prochain quinquennat, pour s’épargner ces coups de règle (en or ?) à retardement qu’on voudrait programmer à l’avance, comme une ultime humiliation des peuples ? Oui ? Cocorico !
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