Les journalistes en revanche, étaient déjà en grève. Pas d'infos au réveil. Après tout … ce n'est pas si mal. Une épouse fatiguée reprend vite son mari, l'air blasée : « C'est mieux sans nouvelles, je ne veux plus rien savoir, que des catastrophes ….». Il a aussitôt hoché sa tête, compréhensif, la tristesse déjà dans les bagages. En route vers l'aéroport par le Proastiakos, sorte de RER aux wagons propres et neufs. Tarification spéciale aéroport, 8 euros. En revanche ni portillon automatique, ni contrôleur.
Notre Souris, l'hebdomadaire satirique est en kiosque ce mercredi, au lieu du jeudi, à cause de la grève.
Ses… fromages, encore cette semaine, sentent le politiquement pourri. Ecoeurement. Où il est question de récits de frontières sur les comptes bancaires des Grecs en Suisse. En effet, dès 2005, comme vient de révéler un parlementaire helvète d'origine grec, Lossif Ziniadis lors d'une émission de télévision athénienne, les autorités confédérales avaient demandé aux gouvernants de notre Republique Banqueroutière, la signature d'un accord bilatéral, concernant le contrôle et l'imposition des comptes des hellènes en Suisse. Mais depuis, rien. Les gouvernements d'Athènes, réactualisent depuis … leurs calendes grecques … et finalement leurs virements, et les négociations ne progressent pas. Selon Iossif Ziniadis, nombreux députés grecs du PASOK (P.S.) et du parti de Nea Dimokratia (la droite), bloquent l'accord, car parmi eux déjà, il y aurait un grand nombre de détenteurs de ces comptes, fort bien remplis.
Par ce même numéro de la Souris, nous apprenons que rien que la société Siemens a versé au moins cent millions d'euros aux politiciens grecs ces dernières années en pots-de-vin, et nous ignorons, ce que d'autres lumineuses compagnies et vendeurs d'armes divers et variés, ont pu verser également. En tout cas, l'administration Merkel, se voit obligée de fermer le dossier Siemens le plus rapidement possible.
Je remarque qu'à l'aéroport, les prix ont encore augmenté. Cafés, sandwich et croissants au beurre, à portée de la main. Mais, nombreux sont ceux qui hésitent un long moment avant d'acheter, comme si ils achetaient un scooter. Certaines boutiques dans l'aéroport même, ont fermé, elle étaient encore là en août de cette année. Août, c'est déjà très loin. La multinationale allemande Hochtief AG, qui gère l'aéroport d'Athènes ne semble pas en tout cas, vouloir renouveler le contrat de sa concession après 2012 selon la presse, sauve qui peut ?
J'ai pris la low cost. Le vol était plein. Des nôtres et des autres. Une maman crétoise qui emmenait son fils à Paris … pour Disney. Cadeau d'anniversaire, me dit-elle. « Encore cette année … Monsieur car après ...». De la classe encore moyenne à onze mille pieds d'altitude, apparemment c'est possible. « Vous savez Madame, il y a aussi le musée du quai Branly, un musée des arts premiers, vous ne trouverez pas en Grèce une telle muséographie, c'est pour votre fils ». « Est-ce loin des Grands Magasins ? ». « Très loin Madame, même trop … passez un agréable séjour à Paris ».
Orly, RER B, Paris. Ticket à dix euros. Je constate qu'il y a des contrôleurs. Ils sont nombreux, assez polis et relativement plaisants. Surtout, entre eux, ils rigolent en évoquant leurs idées pour Noël prochain. Oui, à Paris c'est encore une vie normale. Certes ce n'est pas la capitale française d'il y a un moment, mais ce n'est pas non plus notre Athènes du Mémorandum. Dans la rue, au métro, dans les cafés, les discussions rappellent les nôtres, d'avant 2010. Métro, boulot, dodo, cela nous manque tant finalement. En tout cas, l'air parisien n'est pas tant empoisonné par la mélancolie collective, comme chez nous. Gardez-le, chers amis et croyez-nous, il est précieux !
Je retrouve un ami de longue date installé à Paris depuis un moment. Il a quitté Athènes peu avant les J.O. de 2004. Ingénieur déjà assez senior dans le secteur de la construction, il a vu la bulle de l'intérieur et il a abandonné son poste en Grèce au moment où, nombreux autres surfaient sur la vague Californienne du côté d'Éleusis. Actuellement, il travaille en tant que cadre à Paris. Deuxième grand constat, les appartements parisiens sont chauffés, je l'avais presque oublié. « Tu sais, je viens d'envoyer de l'argent à ma mère à Athènes, ainsi qu'a mon frère pour qu'ils achètent du fiou. Lui en plus, il a un bébé, c'est le monde à l'envers, je sais que vous grelotez là-bas ...».
« Oh, tu sais, je crois que jusque là, Paris ou Athènes c'est le même hiver qui s'annonce, après on verra, mais il s'agit de la météo seulement, que de la météo ...».
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire