Malgré la crise, les laboratoires publics et les centres de R & D des entreprises mettent les bouchées doubles. Tour du monde des révolutions qui nous attendent.
Il faut parfois un petit choc de générations pour s’en souvenir, les technologies indispensables à notre vie quotidienne ont d’abord été, pour nos aînés, des rêves d’apparence inutile. A garder en tête pour découvrir la centaine d’inventions pour les dix à vingt ans à venir rassemblées dans ce dossier : manquer d’imagination, c’est se priver de la croissance promise par le progrès. Un risque accru par la crise, qui comprime l’investissement des entreprises, dont leurs budgets de recherche et développement (R&D). Heureusement, comme vient de le calculer un rapport du Conseil d’analyse stratégique (Direction du Trésor), en France, ces derniers ont été préservés avec «une croissance de la R&D privée de 4% en 2008 et de 1% en 2009, alors que l’investissement total a reculé», cette année-là.
Mais ce passionnant travail des experts de Bercy («France 2030, cinq scénarios de croissance») confirme aussi le constat rapporté de notre tour du monde des labos : l’effort porte d’autant plus ses fruits qu’il est dirigé vers les secteurs porteurs. C’est aussi ce que montre le palmarès des entreprises qui dépensent le plus pour l’innovation : l’avenir appartient à celles qui orientent leurs crédits vers les idées à fort potentiel commercial, en sortant de leurs labos des produits et services qui trouvent vite leur place dans notre vie de tous les jours.
Prenez Toyota et ses 6,8 milliards d’euros de R&D en 2010. Rapporté à son chiffre d’affaires, c’est loin d’être le plus gros effort de l’industrie automobile, mais quelle vista ! Lançant dès 1997 sa Prius hybride, qui contourne les problèmes de puissance et d’autonomie des autos 100% électriques, le japonais a séduit plus de 2 millions d’automobilistes dans le monde.
Dans son sillage, l’ensemble du secteur des transports travaille aujourd’hui à des inventions 100% concrètes, destinées à améliorer confort et sécurité. Fini, les projets délirants de voiture volante ou de train magnétique, place aux sièges programmables, aux avions silencieux et aux voyages assistés par les technologies de l’information et de la communication (TIC), en véhicule capable de mémoriser vos habitudes ou en TGV connecté aux réseaux 3G ou Wi-Fi…
La relation médecin-patient va être bouleversée par l'automatisation
Vous les trouvez un peu envahissantes, ces TIC ? La magie multimédia n’a pourtant pas fini d’égayer nos journées, qu’il s’agisse de la 3D (place aux hologrammes) ou des réseaux sociaux, sur lesquels les prodigieuses quantités d’informations (photos, goûts, déplacements…) confiées par les adeptes (Facebook atteint les 700 millions de membres) provoqueront de nouvelles façons de chercher sur Internet.
Mais le potentiel d’innovation de l’informatique et des télécoms tiendra surtout, désormais, à leurs applications annoncées dans l’ensemble de l’économie. Par exemple dans la santé. Si ce secteur connaîtra des percées médicales fondamentales, la relation praticien-patient va aussi être bouleversée par l’automatisation (la start-up française Eveon conçoit un «dispositif d’injection» à base de nanotechnologies qui enverra la seringue aux oubliettes) et l’essor de la médecine à distance, pour la surveillance des personnes âgées ou carrément la consultation en ligne, autorisée en France en octobre dernier.
Le high-tech adoucira aussi des évolutions peu folichonnes. Le travail dans des open spaces bruyants sera moins pénible quand nous disposerons des outils personnalisables promis par les rois de l’équipement de bureau. Au restaurant, alors que l’industrie agroalimentaire n’a que le «nutritionnellement correct» à la bouche, on retrouvera l’appétit grâce à des applis multimédias pour réserver, composer son menu et apprendre les recettes. A la maison, on laissera les corvées à une armée de robots.
Science-fiction ? La start-up française Aldebaran Robotics, qui vend l’androïde domestique Nao (1.500 exemplaires dans le monde), vient de recevoir un bel encouragement : 13 millions de dollars misés par Intel Capital, le fonds d’investissement stratégique du leader mondial des microprocesseurs. «Nous sommes ravis, car la robotique met la puissance de l’informatique au service de l’être humain», a déclaré Arvind Sodhani, patron du fonds. Nao, tu nous refais un café ?
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