L’irruption du terrorisme dans le quotidien d’un peuple est toujours un traumatisme absolu. En Norvège, elle est vécue avec d’autant plus de douleur qu’elle est totalement étrangère à l’histoire du pays et de son peuple. Quand les Danois vivent depuis 2006 avec la crainte de représailles contre les caricatures de Mahomet qui avaient provoqué la colère des fondamentalistes musulmans dans le monde arabe, les Norvégiens, eux, se croyaient à l’abri d’un danger qui effraie le monde occidental depuis maintenant dix ans.
La situation provoque un désarroi à la mesure de l’inexplicable qu’elle suscite. Le massacre d’Oslo n’obéit à aucune démarche rationnelle. C’est précisément ce vide inédit qui empêche l’un des États les plus paisibles du monde d’assumer ce qui s’est passé et de le dépasser. Ce matin, la Norvège est KO debout.
On trouve bien quelques voix pour critiquer une coupable passivité du gouvernement norvégien devant la montée d’un extrémisme de droite dont on aurait sous-estimé la capacité de nuisance, même cet argument ne convainc pas. Le pays a connu, pourtant, une progression d’un nationalisme identitaire qui a peu à peu fait une percée dans le paysage électoral : le parti qui en porte les concepts est le deuxième de l’opposition et il est confortablement représenté au Parlement.
Mais le poids politique de cette évolution est loin d’être suffisant pour écraser, même à la marge, la tradition profondément libérale propre à la société norvégienne.
Ici, le pouvoir ne saurait empiéter sur les libertés. Il demeure très proche des citoyens qui ne souhaitent pas l’entourer, comme dans tous les pays scandinaves, de protection et de précaution particulière. Pas question de mettre en place des systèmes de sécurité renforcés qui auraient pour conséquence de corseter une démocratie qui entend demeurer décontractée.
Les images terrifiantes des deux attentats d’Oslo n’ont pour le moment pas plus de véritables significations que les tueries de folie qu’ont connues les États-Unis et récemment l’Allemagne. Si elles plongent la Norvège dans le désarroi, elles ne parviennent pas pour autant à la faire basculer dans le chaos de passions incontrôlées. Seule lueur rassurante d’un événement sans référence.
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