dimanche 24 juillet 2011
Pas besoin d’être économiste pour être atterré du « sauvetage » de la Grèce
Les crises financières ont prouvé que les marchés sont depuis 20 ans une source permanente d’instabilité : Japon, Asie du Sud-Est, Internet, Marchés émergents, Immobilier, Titrisation, Subprimes... Les agences de notation financières achèvent la démonstration : en dégradant la notation d’un Etat, elles accroissent le taux d’intérêt exigé par les acteurs financiers, augmentent l’instabilité et le risque de faillite qu’elles ont elles-mêmes annoncé, permettent des profits spéculatifs sur les pays les plus fragiles, (Grèce, Espagne, Italie…), les condamnant à un recul de l’activité et à une longue période de récession.
L’euro aurait dû être un facteur de protection contre la crise financière mondiale. Mais les spéculateurs ont bien compris les failles de la zone euro : ses pays ont renoncé à la possibilité, contrairement aux autres pays développés, d’être financés par leur Banque centrale. Ils dépendent donc totalement des marchés pour financer leurs déficits. Or la montée de la dette publique provient non pas de la hausse des dépenses publiques, mais de l’effritement des recettes publiques, dû à la contre-révolution fiscale des gouvernements européens sur les bénéfices des sociétés, sur le revenu des particuliers les plus aisés, sur les patrimoines, sur les cotisations patronales... : en France, un récent rapport parlementaire chiffre à 100 milliards d’euros en 2010 le coût des baisses d’impôts consenties entre 2000 et 2010, sans compter les 30 milliards d’exonérations de cotisations sociales.
L’accroissement la dette publique est aussi une politique envers les classes aisées: les réductions d’impôt et de cotisations creusent un déficit public, que les administrations publiques sont obligées de financer : elles s’endettent ainsi auprès des classes aisées qui, avec l’argent économisé sur leurs impôts, peuvent acheter des titres porteurs d’intérêts de la dette. En plus des 100 milliards de baisses d’impôts, 40 milliards d’euros d’intérêt par an sont payés par l’impôt de tous les contribuables français. C’est gagnant-gagnant pour les rentiers, un transfert de richesse supplémentaire vers les plus aisés.
Si les pays membres se sont accordés sur un plan de « sauvetage » de la Grèce, ce n’est pas par solidarité. Pas pour la sauver. Mais pour lui imposer un programme d’austérité budgétaire sans précédent, tout en privilégiant l’intérêt des banques. La crise grecque permet de mettre en œuvre la « stratégie du choc » : créer une crise pour imposer encore plus d’austérité et plus de « réformes » néolibérales : diminution du nombre de fonctionnaires, privatisations des services publics, diminution des prestations sociales, des salaires et des retraites, augmentation des loyers et des produits de base… Entrainant chômage et précarité, et révolte des Indignés.
Pour faire exister une solidarité européenne, il nous faut développer une fiscalité européenne (taxe carbone, impôt sur les bénéfices, taxe sur les transactions financières, coopération et lutte contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux…), construire, à l’aide d’un véritable budget européen, la convergence des politiques sociales et économiques, et engager la reconversion écologique de l’économie européenne.
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