TOUT EST DIT

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lundi 25 juillet 2011

ATTALI,SOCIALISTE OU LIBÉRAL ?

« Le dernier rapport de Jacques Attali n’a tiré aucune leçon de la crise. Pour « libérer la croissance », il propose la réduction de la dépense publique de 50 milliards d’euros en trois ans. Jacques Attali a donc eu une grande idée. Demander aux salariés, aux familles, aux bénéficiaires des prestations sociales, aux consommateurs, aux usagers des services publics de payer la facture de la crise. Souhaitons que ce rapport n’ait d’autre utilité que de faire parler de son auteur. » A écouter Benoit Hamon, porte parole du parti socialiste, on pourrait croire que l’ancien conseiller spécial de F.Mitterrand est un méchant super-ultra-néo-maxi libéral qui veut opprimer les faibles pour enrichir les riches. Alors, Libéral ou pas J.Attali?
Je n’ai pas lu le rapport en question. J’avais entamé le rapport pour libérer la croissance qu’il a remis au président de la République en 2008. Mais c’est sur un de ses deniers ouvrages, « Tous ruinés dans 10ans », que je vais bâtir mon analyse.
Cet ouvrage commence par une très longue présentation non-partisane de la dette souveraine, de son histoire, de ses mécanismes et des risques qu’elle fait peser sur la société quand elle n’est pas maitrisée. Il faut vraiment s’appeler Benoit Hamon, avoir son âme à l’extrême gauche de l’échiquier politique ou n’avoir absolument aucune idée du fonctionnement de l’économie (ce qui dans ces trois cas revient au même) pour penser que la dette, au niveau où elle est et au vu des marges de manœuvre qu’il nous reste, n’est pas un problème. Sans revenir sur ce qu’est la dette. Sans rappeler que l’épargne prêtée à l’Etat, c’est de l’épargne en moins pour que les entreprises investissent et embauchent. C’est la question politique qui est intéressante. Qu’ont soit de gauche et plutôt Keynésien, ou de droite et plutôt libéral… l’ensemble des économistes sont quand même d’accord sur un point : 30 années de déficits publics sans interruption sont nocives pour la santé économique d’un pays. A travers le monde, ce ne sont d’ailleurs pas forcément les gouvernements de droite qui ont mené des politiques de rigueur. Les gouvernement de gauche étant plus légitime à les mettre en œuvre, car plus proche du peuple aux yeux des gens. En France, on ne peut plus monter les impôts. Même si notre fiscalité est dans l’ensemble illisible et à certains égards injuste, il n’empêche qu’elle est globalement très lourde et qu’on ne peut pas l’alourdir encore sans détruire l’économie française pour les 50 années à venir. La maitrise de la dépense publique n’est pas un clivage gauche droite. La position prise par J.Attali n’est pas néolibérale. Elle est réaliste. Les gens qui prétendent aujourd’hui qu’on peut continuer sur le même modèle ne vivent pas dans le monde réel et leur discours ne peut être qualifié que d’extrémiste.
Là où il y a un vrai clivage, là où J.Attali se démarque, c’est au moment où il propose des solutions pour remédier à cette crise de la dette publique. A ce moment, il y a une différence fondamentale entre une politique libérale et une politique socialiste. Pour résumer très grossièrement la voie prônée par l’essayiste, c’est dans une forte centralisation et concentration du pouvoir de décision que nous trouverons la solution à nos problèmes. Il s’agit de confier notre souveraineté économique à une entité supranationale qui, parce qu’elle disposera de pouvoirs plus grand, sera plus sage et plus efficace : une banque européenne d’investissement pour financer les infrastructures, une harmonisation européenne de la fiscalité, une autorité européenne de régulation des marchés financiers, émission de bons pour s’endetter à l’échelon européen (un Trésor Européen), fond européen de garantie, caisse européenne d’amortissement de la dette…
Et c’est là où Attali est un véritable socialiste. Pour lui, la rédemption passe par une concentration des pouvoirs entre quelques mains qui devront user de ce pouvoir avec sagesse. Le socialisme, c’est ça : c’est cette idée que nous devrions tous mettre nos sous dans une grande boite et que ces sous serontt gérés avec sagesse par des gens très intelligents qui ne se tromperont jamais et qui ne seront jamais corrompus. Et pour qu’il soit plus fort ce socialisme, il doit être mutualisé à l’échelon européen. Les libéraux auront une réponse tout à fait différente.
Un libéral vous dira que quand la FED (Banque centrale des USA) a trop de pouvoir, elle injecte parfois beaucoup trop de liquidité dans l’économie et alimente les bulles spéculatives… c’est un exemple parfait de l’impacte néfaste de trop de pouvoir entre peu de mains. Un libéral vous dira que la concurrence, c’est aussi bon en ce qui concerne la fiscalité. La compétition entre les Etats européens pour attirer les entreprises les poussera à la plus grande efficience de l’économie. Le pouvoir de décision ne doit pas être confisqué à un échelon toujours plus lointain. Il doit être redonné aux citoyens et pas laissé entre les mains de quelques technocrates… La politique budgétaire des Etats européens n’échappe pas à une règle comportementale. Plus le risque est mutualisé, plus il y a un risque d’aléa moral : faire porter par les autres les risques qu’on prend soi-même. Dans ce cas, le laxisme budgétaire. Chacun risque de se dire, puisqu’il y a un fond de réserve, puisqu’il y a une solidarité imposée entre Etats européens, en cas de défaut de paiement, Bruxelles viendra à mon secours. Exactement comme les banques américaines qui ont pris des risques inconsidérés parce qu’elles savaient qu’elles seraient sauvées par le Trésor Américain.
J.Attali n’est pas libéral. mais bien socialiste. Il a juste accepté que l’économie de marché était plus efficace pour produire des richesses, pour pouvoir en redistribuer. Les solutions qu’il propose n’en sont pas moins socialistes. Ce communiqué de presse du PS nous montre surtout que ce parti n’est pas en mesure aujourd’hui de prendre ses responsabilités et regarder la réalité en face.

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