mardi 26 juillet 2011
L'obsession sexuelle à la Française selon Newsweek
L'hebdomadaire américain, qui publie ce lundi la première interview de Nafissatou Diallo, se penche aussi sur les raisons qui poussent Anne Sinclair à rester avec DSK. Et livre une vision fantasmée de la société française, fortement influencée par la sexualité.
"Trop fière pour être jalouse ." Newsweek reprend à son compte cet extrait de la biographie d'Anne Sinclair, Madame DSK : un destin brisé , par Renaud Revel et Catherine Rambert. A l'occasion de la première interview de la femme de chambre du Sofitel, l'hebdomadaire américain revient cette semaine sur l'affaire DSK et se demande "pourquoi Anne Sinclair reste aux côtés de DSK." Outre les arguments de l'amour fou et de l'orgueil, la revue poursuit ainsi son analyse : "On ne peut espérer comprendre Anne Sinclair sans intégrer que la sexualité est très présente dans la société française, au sein de laquelle même le rejet a ses propres règles codifiées."
Dans cette société française décrite par Newsweek, "les jeunes femmes savent comment jouer le jeu de ce qu'on appelle la séduction ; les journalistes couchent avec des hommes influents parce que c'est amusant selon elles, et parce que cela entretient les relations avec leurs sources." Bien que l'hebdomadaire ne manque pas de remarquer l'indignation de groupes féministes comme Paroles de femmes, face à l'affaire DSK, celles-ci demeurent néanmoins minoritaires aux yeux de l'auteur.
Les gâteries des secrétaires pour conserver leur emploi
En réalité, tout ceci serait la faute au "droit de cuissage", aux "amours ancillaires", aux vaudevilles chers à Feydeau. C'est en tout cas le sens de l'analyse du journal, pour qui ces pratiques n'ont pas totalement disparu, loin de là. "Le droit de cuissage était un privilège des hommes puissants, et c'est toujours le cas", croit savoir Newsweek. L'hebdomadaire en veut pour preuve certaines réactions au lendemain de l'annonce des faits reprochés à DSK. "Ce n'est qu'un troussage de domestique", avait ainsi lancé Jean-François Kahn. "Il n'y a pas mort d'homme", avait renchéri Jack Lang, rappelle Newsweek. Si le socialiste avait dénoncé "une utilisation tronquée" de ses propos, il s'agit d'une "hilarité semblable à celle provoquée par une pièce de Feydeau", pour le journal, "dans laquelle le maître se fait une servante entre deux embrasures de porte, pendant que sa maîtresse l'attend dans une pièce et sa femme dans l'autre".
De ces réactions marginales, l'hebdomadaire tire une analyse surprenante. Le fantôme du troussage de domestique serait encore si présent en France que les secrétaires "dans les usines ou les stations service" seraient contraintes "d'offrir une gâterie à leur employeur pour conserver leur emploi."
"Entre Sade et Beauvoir"
Le journal rappelle même le retard de notre pays en matière de droits des femmes : droit de vote tardif, idem pour l'avortement. Concernant le Manifeste des 343 salopes, Newsweek informe ses lecteurs Outre-Atlantique du sens du mot "salope" : une insulte, mais aussi un mot qui serait souvent employé par les Français pendant l'acte "pour exciter les femmes ou s'exciter lui-même."
Ainsi donc, l'affaire DSK n'aurait suscité qu' "une lente onde de choc" dans la libération de la parole des femmes, comme le prouve l'affaire Tron, toujours selon l'hebdomadaire américain. Mais le chemin semble encore long : "Ainsi va la lutte entre le Marquis de Sade et Simone de Beauvoir", conclut Newsweek.
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