lundi 20 juin 2011
Leçons venues d'Italie
Après le camouflet subi par Silvio Berlusconi lors du triple référendum du 12 juin (sur sa propre immunité pénale, un éventuel retour au nucléaire et la privatisation de l'eau), quelques leçons peuvent être tirées, qui vont bien au-delà du cas italien.
En premier lieu, le vote du 12 juin rappelle aux populistes de tout poil que les promesses et la démagogie peuvent faire illusion pour un temps, mais que la dure réalité finit par s'imposer. Berlusconi a promis monts et merveilles. Il a prétendu trouver des solutions aux problèmes, à grand renfort de communication. Mais il n'a jamais su ou voulu faire les réformes nécessaires au pays, par souci de plaire à ses clientèles ou parce qu'il était trop occupé avec ses propres affaires.
Berlusconi a été un habile politicien populiste, mais pas un homme d'État ; un démagogue, pas un réformateur ; un magicien qui a envoûté une grande partie de la population, mais qui, par ses comportements et ses médias, a corrompu l'esprit public. Ce sera son principal legs à l'Italie, après presque dix ans d'exercice du pouvoir...
La fin de partie n'interviendra que si l'opposition sait transformer en programme et alliances politiques l'exaspération d'une forte majorité de l'électorat.
La gifle cinglante adressée à Berlusconi ne signifie pas pour autant un blanc-seing pour l'opposition. Ce fut un vote de rejet, non un vote d'adhésion. À qui irait-il d'ailleurs, étant donné les multiples partis et mouvements sociaux, souvent contraires, qui appelaient à l'abrogation des normes soumises à référendum ?
Parmi les leaders de l'opposition et chez leurs électeurs, d'autres pulsions populistes, de gauche cette fois, sont à l'oeuvre qui risquent de handicaper une alternative crédible de centre gauche. Romano Prodi en fit l'amère expérience, il y a quelques années. Cela ne rappelle-t-il pas quelque chose aux électeurs français ?
Le 3e enseignement touche aux politiques publiques. L'objet premier des référendums était de fixer des choix de politiques publiques. Les conclusions sont nettes : les centrales nucléaires seront bannies d'Italie pour l'avenir prévisible et la gestion des politiques de l'eau devra être confiée à des autorités publiques. Le choix est fait et doit être respecté.
Mais l'absence de débat (dont Berlusconi est principalement responsable en refusant de discuter du fond) laisse l'État italien face à des dilemmes quasi insolubles : la nécessité de recourir aux énergies fossiles (gaz et pétrole) met le pays dans une situation de dépendance énergétique insoutenable en cas de crise ; l'obligation de confier la gestion de l'eau (ainsi que les ordures et l'assainissement) aux autorités publiques est un acte symbolique qui cache mal la situation désastreuse et les gâchis financiers dans de nombreuses villes ou régions.
Où les municipalités trouveront-elles les ressources financières pour engager les quelque 60 milliards de dépenses jugées nécessaires pour mettre le pays à niveau ? Où sont les garanties de bonne gestion et d'efficacité que la plupart des sociétés municipales (gangrenées par le clientélisme et la corruption) ont été incapables de fournir ?
Une fois de plus, la démonstration est faite que la démocratie directe peut être un important élément de la politique démocratique, mais un médiocre instrument de détermination des politiques publiques.
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