jeudi 9 juin 2011
La salade allemande du concombre
Parce qu'elle a été bafouée, la présomption d'innocence, qui en l'occurrence s'est transformée en présomption de culpabilité, est en train de mettre l'Europe dans de sales draps. L'épidémie liée à la bactérie E. Coli 104 continue de faire des ravages - un 24e décès a été enregistré hier - et un mois après sa naissance en Allemagne, la source de contamination n'est toujours pas identifiée. La résistance de la bactérie tueuse plonge les chercheurs dans un doute profond. Avec le concombre andalou, on croyait tenir le coupable. Innocenté ! La thèse des graines de soja s'effondrerait elle aussi ; il n'y aurait pas un, mais plusieurs aliments suspects. De sorte que les autorités d'outre-Rhin sont mises en accusation. On mesure combien leur précipitation à pointer indûment l'Espagne, premier exportateur de fruits et légumes, lui a porté préjudice, et asséné un coup sévère à l'agriculture européenne. Le temps scientifique et le temps politique ne sont décidément pas les mêmes. Pour avoir voulu surprotéger ses concitoyens, l'Allemagne a alimenté la psychose et provoqué une crise de défiance des consommateurs. Cette affaire révèle la difficulté de l'Union européenne, quand un danger sanitaire survole les frontières, à appréhender les réalités nationales et à se coordonner dans l'urgence. Le pays qui a sonné le tocsin a parlé à la légère ; il s'est trompé. L'Europe doit maintenant se réinterroger sur son système d'alerte sanitaire. Quant à la solidarité qu'elle tente de mettre en place, elle ne pourra qu'indigner les Espagnols, dindons de cette mauvaise farce. Le conseilleur - et fauteur de crise - ne sera pas le payeur !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire