TOUT EST DIT

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mardi 21 juin 2011

Berlin enterre trop vite l’euro

En publiant l'image d'un drapeau grec recouvrant le cercueil de la monnaie unique, Der Spiegel dévoile les objectifs cachés de la politique allemande : l'hégémonie germanique, assure le quotidien athénien To Vima. 

Si la position provocatrice de la Vénus de Milo [en Une de l'hebdomadaire Focus, en 2010] était de mauvais goût, la couverture de l'hebdomadaire Der Spiegel aujourd’hui est une indécence révélatrice des intentions et des objectifs cachés de l’hégémonie de l’Allemagne, pour la Grèce mais aussi pour toute l’Europe.
Quelques jours après le rappel à l'ordre sans précédent de la chancelière Angela Merkel par le président français Nicolas Sarkozy, et ensuite, la pression du président américain Barack Obama, voilà que cette Une scandaleuse montre un drapeau grec recouvrant le cercueil dans lequel repose la monnaie unique.
S'il ne s'agit pas de la voix officielle de Berlin, cette Une révèle cependant le sentiment d’une partie de la classe dirigeante allemande, lectrice de ce journal : l'Allemagne ne souhaite pas accorder de nouvelle aide à la Grèce.
Parmi les "arguments" de l'article du Spiegel, des soi-disant vérités allemandes sont exprimées pour la première fois : la zone euro est composée d’économies qui ne peuvent pas avoir de cohérence en raison de différences structurelles de politique monétaire et économique. Selon le magazine, cette situation évolue désormais et présente un risque des plus élevés pour l'euro et pour l'Europe elle-même.

Une politique égoïste qui brise les peuples

Ce qui n'est évidemment pas mentionné, c'est que tout cela n'est pas uniquement dû à la crise de la dette grecque. Cela est causé, en très grande partie, par la volonté de l’Allemagne d’utiliser la crise grecque comme un levier pour la révision générale de la monnaie unique.
Berlin a montré sa volonté de se distinguer par une politique nationale égoïste qui brise les peuples et les Etats qui ne peuvent pas ou refusent d'y participer. Ceux qui sont incapables de répondre aux exigences allemandes n’ont plus leur place dans la monnaie unique et dans l’Europe.
Le plus frappant est que, exactement au même moment, arrive une voix inattendue d'opposition à la politique allemande qui renverse tout ce que nous savions jusqu’à aujourd'hui de la version "officielle" que tenait nos prêteurs : celle de Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe en personne et Premier ministre luxembourgeois. Dans une interview donnée au quotidien belge La Libre Belgique, Juncker dit des choses qui bouleversent la ligne dominante imposée par Berlin. Il explique, entre autres, que la peur d'une extension de la déstabilisation provoquée non par les "marchés" mais par le peuple constitue désormais une réalité dont nul ne peut prédire où, quand et comment elle finira.
Après la pression des Etats-Unis et de la France, l’Allemagne montre qu’elle perd la bataille pour son hégémonie en Europe et voilà ce qui dérange Der Spiegel et ses lecteurs. Une bataille qui consistait surtout en une politique dévastatrice pour la Grèce. 
En fait, les Allemands voulaient mettre fin à un "cauchemar", celui de pays qui ne peuvent les aider à tracer un chemin impérial. Aujourd'hui, ils voient la fin de l'euro, non parce que la monnaie unique est véritablement en fin de course, mais parce que meurt ce qu'ils voulaient faire de l’euro.
La seule chose qui leur reste maintenant est de quitter cette zone euro. Peut-être est-ce là le nouveau message caché de cette publication indécente. L'image du Spiegel montre l'euro enterré avec le drapeau grec, mais finalement, ce sont surtout les couleurs noir, rouge et or des fossoyeurs hâtifs que l'on remarque.

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