Franchement, à quoi aura servi ce G 8 à Deauville, peut-être un des derniers car Barack Obama serait réticent pour organiser une prochaine rencontre aux Etats-Unis ? A un grand show politique où les puissants de ce monde s’offrent en spectacle après avoir confronté leurs positions bien connues ? L’aide au printemps arabe a-t-elle vraiment été décidée après de fébriles palabres en Normandie ?
Il s’agit pour l’essentiel de prêts multilatéraux et bilatéraux depuis longtemps négociés et auxquels s’ajoute la contribution des pays du Golfe. Pour l’après-Fukushima et la sûreté du nucléaire, que de généralités ! Et sur la Libye, rien de vraiment nouveau en exigeant le départ de Kadhafi…
L’importance très relative de ce club des puissants se mesure également au nombre des manifestants. Par exemple, au G8 - G7 de Gênes en 2001, les antimondialistes se comptaient par dizaines de milliers dans des affrontements meurtriers avec les forces de l’ordre. En 2007, pour la rencontre de Heiligendamm, l’Allemagne du nord avait été placée en état de siège. A Deauville, les policiers étaient beaucoup plus nombreux que les manifestants… Parce que le vrai gouvernement du monde, dans ses pouvoirs économiques, financiers et même politiques, se situe désormais au niveau du G 20 où siègent aussi la Chine et les « émergents ». Et la prochaine réunion de cet aréopage en novembre à Cannes ne passera pas inaperçue aux yeux des opposants au néolibéralisme régissant la planète !
Les statistiques économiques confirment aussi ce glissement. Dans les années 1980, les pays du G 7 (sans la Russie) accaparaient à peu près les deux tiers du Produit intérieur brut mondial. Aujourd’hui, beaucoup, beaucoup moins…
Certes, la « puissance » réelle ou supposée ne relève pas seulement des performances économiques. Elle repose aussi sur l’organisation des Etats, sur la démocratie et les libertés. Des valeurs que Deauville a célébrées en constatant que le printemps arabe veut les faire siennes. Le « modèle occidental », bien que cette évocation soit taboue, triompherait-il ? Curieusement en association avec la Russie, une grande démocratie comme chacun sait…
A l’heure où de nombreux théoriciens dissertent de nouveau sur le « déclin de l’Occident », ne faut-il pas voir en le G 8 un club qui se hérissonne pour défendre ses valeurs sous l’impulsion d’une avant-garde idéologique… anglo-saxonne ? Le discours de Barack Obama mercredi au Westminster Hall à Londres est significatif. Dans une véritable ode à l’Angleterre qui a donné au monde les droits de l’homme, la démocratie et la libre entreprise, il a célébré le modèle anglo-saxon en décrivant un axe Washington-Londres « indispensable à ce moment de l’Histoire », le Royaume-Uni étant « le plus important et le plus fidèle allié des Etats-Unis »…
Pour Obama, avec une exception polie pour la France (« notre plus ancien allié »…), l’Europe continentale et institutionnelle passe visiblement au second plan politique derrière ce leadership anglo-saxon. Il est vrai qu’à Deauville, l’Europe a une fois de plus étalé ses divisions en la personne de la chancelière Merkel opposée à l’intervention en Libye et faisant cavalier seul dans la question nucléaire.
Bref, l’UE reste un conglomérat flou autorisant même un comble de la part du président des Etats-Unis, le pays le plus endetté de la planète : Français, Allemands et Italiens ont surtout été priés de régler le problème de la dette grecque pour éviter une nouvelle tourmente monétaire sous le signe de l’euro…
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