TOUT EST DIT

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samedi 28 mai 2011

Imposer la liberté

Les transitions démocratiques ne sont jamais simples, l'Irak, l'Iran, l'Afrique en sont les témoins sanglants. Dans les pays arabes, sans croissance et sans classes moyennes, l'aide des Occidentaux est indispensable pour faire triompher l'émancipation des peuples et la justice sociale. En quittant l'incantation pour proposer la construction de nouveaux équilibres, les chefs d'État ont, à Deauville, écarté les principales menaces qui pèsent sur les jeunes démocraties. Ils ont aussi envoyé un message clair de soutien à ceux qui luttent en Syrie, en Libye et au Yémen. Les escarmouches diplomatiques et la raideur des relations franco-américaines n'ont pas entravé la très concrète priorité accordée au soutien des printemps arabes. Il n'y a pas de meilleur moyen pour rendre la liberté contagieuse.

En stabilisant la situation des pays fragilisés par les révoltes, les aides permettent de limiter les dysfonctionnements inévitables. De nombreux facteurs peuvent faire évoluer ces sociétés ? qui viennent de se libérer et sont donc vulnérables ? vers des situations incontrôlables. Les Occidentaux n'aiment pas l'inconnu. On l'a bien vu avec l'assistance qu'ils apportaient aux tyrans en les considérant comme leurs alliés sûrs. L'intérêt des soutiens est de résorber le plus rapidement possible les difficultés et de relancer les mécaniques démocratiques.

Le pire pour ces populations serait de faire le douloureux constat qu'elles ne vivent pas mieux qu'avant et qu'elles n'ont rien gagné dans une révolte qui a coûté beaucoup de vies. Si le désordre politique rejoint l'insatisfaction économique, le danger est réel d'une fuite en avant qui peut ramener ce que l'on a voulu « dégager ». Ceux qui se sont battus et ont vu tomber leurs compagnons ne doivent jamais avoir le sentiment qu'on leur vole leur révolution.

Il y a une vraie noblesse de la part du G8 à se ranger du côté de la liberté et à favoriser le passage à une ère nouvelle. Mais les pays donateurs cherchent aussi à s'exonérer de leurs hésitations et des soutiens aux régimes dictatoriaux. La France devra multiplier les chèques pour faire oublier la visite de Kadhafi, Bachar al-Assad au 14 juillet et l'avion de Ben Ali.

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