TOUT EST DIT

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samedi 7 mai 2011

Ben Laden est mort, mais la France reste menacée

Affirmer que le terrorisme islamiste n'est plus une menace globale parce qu'il n'a plus de « chef » paraît un raccourci hâtif.
Depuis la mort de Ben Laden, nombre « d'experts » affirment que les révolutions arabes ont balayé l'option terroriste d'al-Qaida au profit d'un nouvel islam politique, non violent et démocratique. Certes, ces révolutions constituent un espoir. Mais dire que les partis islamistes qui préparent les élections en Tunisie ou en Egypte seront soit minoritaires, soit de bons « démocrates », risque de pousser à baisser la garde. Or le fait même que le leader du Hamas, soutenu par les Frères musulmans égyptiens du Parti de la liberté et de la justice, ait rendu hommage au « martyr » Ben Laden incite à rester méfiant. Parallèlement, l'attentat de Marrakech a rappelé que les terroristes tentent de déstabiliser par la terreur les pays arabes les plus réformistes. En fait, la conséquence immédiate des révolutions arabes pour la sécurité européenne a été l'afflux d'immigrés clandestins, dont des centaines de repris de justice, ex-miliciens ou anciens terroristes échappés des prisons. Rappelons par ailleurs qu'entre 1989 et 2006, les groupes terroristes algériens ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) ou de l'ex-GIA, qui ont mis l'Algérie à feu et à sang et perpétré les attentats de 1995-1996 en France (« réseau Kelkal ») avant de devenir al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont longtemps été autonomes avant de prêter allégeance à Ben Laden. Leur autonomie et leur rivalité vont réapparaître après sa mort. En réalité, en dehors du Pakistan, de l'Afghanistan et de la péninsule Arabique, les terroristes salafistes sont indépendants d'al-Qaida ou ne s'y sont affiliés que pour être plus médiatisés et augmenter le prix des rançons. Leur guerre contre la France et l'Occident n'est pas conditionnée à la vie de Ben Laden. En revanche, la volonté de « venger » ce dernier sert de prétexte pour recruter et préparer de nouveaux attentats, notamment en France, pays laïc « infidèle » et ancienne puissance coloniale, bête noire des islamistes maghrébins. L'avertissement du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, et du préfet Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement extérieur (DCRI), selon lequel l'exécution de Ben Laden risque d'entraîner des représailles et donc des menaces d'attentats sur la France, doit donc être pris au sérieux.

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