TOUT EST DIT

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vendredi 18 février 2011

Les petits cailloux de Strauss-Kahn

Trois ans et demi après avoir contribué à l'éloigner, Nicolas Sarkozy reçoit Dominique Strauss-Kahn, ce week-end, comme un boomerang politique. Alors que le président de la République et du G20 se débat, avec une énergie peu productive, dans ses problèmes diplomatiques et domestiques, le directeur du FMI atterrit à Paris, tel un messie auréolé de sondages, du reste trop beaux pour durer.

Tout ce que la France compte d'exégètes va consacrer trois jours à guetter le mot, le signe, qui pourrait peut-être signifier qu'il aurait décidé. Abrégeons le supplice : contraint au silence, DSK ne dira rien de définitif avant le sommet du G8, à Deauville, fin mai.

En attendant, au-delà de la fausse confidence de son épouse Anne Sinclair, tout conforte l'hypothèse qu'il se prépare, quitte à rester libre de renoncer au dernier moment. Participer, dimanche, au journal de 20 h de la première chaîne publique, et répondre aux lecteurs du Parisien, c'est forcément une manière de semer des petits cailloux. « Je m'éloigne juste un peu, le temps de me faire désirer », disait-il déjà devant ses électeurs, le 8 octobre 2007.

La droite n'a d'ailleurs pas attendu pour en faire son adversaire. Elle tente de déclasser l'ancien maire de Sarcelles en le dépeignant comme un bobo étranger à la France des terroirs. Comme si les Hauts-de-Seine de Nicolas Sarkozy étaient davantage une cour de ferme que le Val-d'Oise de DSK. Terrain glissant.

Il ne serait pas aisé, pour Nicolas Sarkozy, de combattre celui dont il a vanté les qualités pour appuyer sa nomination à Washington. Et dont les dirigeants du monde reconnaissent qu'il a changé l'esprit du FMI. Son immense carnet d'adresses, sa tranquille persévérance et sa force de conviction ont impressionné. Notamment en France, où l'opinion préférera un Président à la fois compétent et rassurant.

Mais les enquêtes d'opinion ne sont qu'un instantané qui embellit les profils lointains et les propos flous. D'ici à 2012, Dominique Strauss-Kahn devrait affronter trois handicaps.

Les sondages : partant de haut, il ne peut, aurait dit monsieur de La Palice, que descendre. Une chute dans l'opinion n'est pas le moment idéal pour enclencher une dynamique rassembleuse.

L'envie : à gauche, François Hollande, Ségolène Royal veulent en découdre. L'écart entre l'hédonisme politique de DSK et la violence d'une double campagne ¯ la primaire et les deux tours de la présidentielle ¯ laisse plus d'un observateur perplexe.

La gauche extrême : en siphonnant l'électorat de Besancenot et du PC, Jean-Luc Mélenchon peut compliquer un rassemblement à gauche. Bernard Accoyer, le président (UMP) de l'Assemblée, un brin caricatural, enfonce un coin quand il souligne que Strauss-Kahn dit le contraire du PS. Ou Pierre Lellouche quand il estime qu'il ferait un bon candidat de la droite.

Mais il aurait deux gros atouts : son réformisme raisonnable aimanterait les voix centristes et repousserait Nicolas Sarkozy vers Marine Le Pen comme principale réserve du second tour. Et surtout, l'envie de gagner de la gauche, au-delà des désaccords, n'a jamais été aussi forte. Voilà pourquoi ce week-end de G20 à Paris est une excellente occasion de marquer son territoire, fût-ce de manière subliminale.

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