TOUT EST DIT

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samedi 9 octobre 2010

Un geste pour la paix


C'est une grande joie parce que c'est une grande victoire que l'attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo. C'est une grande espérance, parce que c'est le signe d'un courage humaniste qui ose adresser un message précis au gouvernement du plus grand pays du monde devenu la deuxième puissance économique.


Liu Xiaobo, cet homme courageux, avait quitté les États-Unis pour voler au secours de ses amis chinois qui, à Tian'anmen, réclamaient respect et dignité pour tous, liberté pour le peuple chinois. Il avait protégé et même sauvé des vies en ces jours-là. Cela lui avait valu d'être emprisonné vingt mois sans jugement.


En 1996, il fut condamné à trois ans de prison. Sitôt libéré, il reprit ses activités et, poursuivant son combat, il publia, en particulier, la Charte 08 s'inspirant de la Charte 77 de Vaclav Havel. Il y réclamait la fin du monopole du Parti communisme chinois, l'ouverture au pluralisme, la liberté d'expression, la liberté religieuse. C'est pour cela, et pour cela seulement, que, le jour de Noël 2009, il fut condamné à onze ans de prison qu'il exécute en ce moment même.


Le gouvernement chinois, alerté sur ce possible choix des Nobel, a fait pression sur la Norvège, brandissant la menace des mauvaises relations qu'elle aurait désormais avec la Chine si le projet aboutissait. C'est déjà ce type d'intimidation que ce gouvernement avait tenté d'exercer sur la France lors de la visite du Dalaï Lama dans notre pays. Tout cela montre l'incompréhension que les gouvernants chinois ont des institutions démocratiques et de leur fonctionnement.


Ils feignent de croire, par exemple, que le gouvernement norvégien et l'institution des Nobel sont la même chose. C'est sans doute, de leur part, une projection de ce qu'ils vivent en Chine où rien ne se passe sans l'accord du gouvernement. Quoi qu'il en soit, les responsables du prix Nobel de la paix sont heureusement passés outre, expliquant que le respect des droits de l'homme et la paix sont liés.


Le message adresséà la Chine


C'est là que réside le message adressé à la Chine : si le gouvernement chinois n'avance pas dans la reconnaissance des droits de l'homme, alors la Chine apparaîtra comme une menace pour la paix du monde. Sans doute, à l'intérieur des institutions gouvernementales chinoises, existe-t-il des personnes qui comprendront ce signal ? Souhaitons qu'elles se sentent renforcées dans leurs convictions libérales...


De même, ce prix Nobel est un signe adressé à tous ceux qui veulent plus de liberté, plus d'équité dans cet immense pays ; à tous ceux qui y souffrent du mépris des gouvernants, à ceux qui sont blessés dans leur personne et dans leur environnement par la poursuite de grands projets et par le fonctionnement d'une économie qui, sous certains aspects, apparaît dévastatrice.


Enfin, c'est un hommage rendu aux innombrables prisonniers de la liberté qui croupissent dans le laogai, cet univers concentrationnaire chinois qui se maintient depuis des décennies.


Nous n'avons pas de leçon à donner à la Chine, pas plus, du reste, qu'à quelqu'autre pays. Nous savons bien le mal que l'Occident a pu lui causer en lui imposant l'importation de l'opium, la signature de traités inégaux, en saccageant l'admirable Palais d'été. Mais nous devons lui redire, sans cesse, notre attachement indéfectible à la démocratie, aux droits de l'homme et notre solidarité avec ceux qui les défendent, tels les Sakharov, les Walesa, autres prix Nobel de la paix et, aujourd'hui, Liu Xiaobo.


Nous osons dire à la Chine nos attentes et nos espérances pour parvenir à une meilleure coopération au long des années à venir, souhaitant que, dans la liberté et la paix, soit ainsi assurée la prospérité pour tous.


Le prix Nobel de la paix attribué à Liu Xiaobo n'est pas un acte dirigé contre la Chine, mais un geste en faveur de la paix dans le monde et d'avancées démocratiques en Chine.

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